Elève ingénieur en parcours recherche ESILV jusqu’en 2018, Zeinab Nehaï est actuellement rattachée au CEA où elle prépare une thèse sur la vérification formelle des systèmes blockchain et smart contract. Au terme de son doctorat, elle compte rejoindre le service R&D d’une entreprise.
Le CEA, Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) est un organisme public de recherche dans le secteur des énergies « bas carbone » nucléaire et renouvelable. D’autres domaines d’étude lui sont confiées, notamment en recherche fondamentale : la santé, la biologie, la défense, ou les technologies de l’information.
Avec le CNRS, le CEA est considéré comme le plus important organisme de recherche français.
Le parcours recherche à l’ESILV : le déclic
Quand j’étais en première année de cycle ingénieur, je me suis rapprochée de Guillaume Guérard, alors enseignant-chercheur responsable de la majeure Nouvelles Energies. Il m’a proposé un stage de deux mois au sein du De Vinci Research Center. Il s’agissait de modéliser les smart grid, ces réseaux électriques intelligents qui ajustent les flux d’électricité des fournisseurs en fonction de la consommation des clients.
Avoir un parcours recherche dans une école d’ingénieur, c’est plutôt original !
A la fin 2016, j’ai rédigé un article avec Guillaume Guérard intitulé « Quand la blockchain sert à échanger de l’électricité » et publié dans The Conversation. Nous y démontrions que, contrairement aux idées reçues, la blockchain ne servait pas uniquement dans le domaine de la finance, mais qu’elle pouvait aussi s’appliquer dans le secteur de l’énergie. Ainsi, les microgrid rendent plus aisé l’échange d’énergie entre consommateurs dans le quartier de Brooklyn à New York.
La blockchain, c’est une chaîne de blocs qui permet de transmettre de l’information de façon transparente, de façon décentralisée. Grâce à la blockchain, la transaction est encryptée et valisée par les noeuds du réseau. Un fois validé, chaque bloc possède une heure et une date. La transaction est transparente, l’ensemble du réseau y a donc accès.
Les échanges de la blockchain peuvent être exécuter via des smart contract (blockchain Codius ou Ethereum). L’exécution de ces contrats est certifiée et tout le monde peut la vérifier. Elle rend fiable la transaction.
Accompagnée d’un autre élève de l’ESILV, Bastien Plichon, j’ai participé à la modélisation d’un réseau blockchain et effectué un état de l’art à la fin de mon stage. J’ai particulièrement apprécié de pouvoir creuser des sujets existants, mais pas encore totalement défrichés.
Un double-diplôme avec l’ENS Paris-Saclay
En 2ème année de cycle ingénieur, je suis passée par un stage à EDF pendant 5 mois. J’ai contribué à l’application de méthodes de vérification formelle sur des smart contract, en expérimentant une ou plusieurs techniques de preuve. Le tout sur un cas type de smart contract déployé sur la blockchain publique Ethereum. J’ai utilisé une technique de vérification formelle (model checking) pour vérifier si les smart contract se comportaient de la manière souhaitée, pouvant ainsi être appliqués et déterminer si le modèle du cas vérifiait bien ces propriétés.
C’est là que je me suis tournée vers l’ENS Paris-Saclay pour un double-diplôme avec l’ESILV. J’ai choisi l’ENS, parce que les cours correspondaient à ce que j’avais appris en parcours recherche puis en stage et à ce que je souhaitais approfondir.
Trois cours m’ont particulièrement attirée :
- Les méthodes formelles (techniques permettant de s’assurer qu’un système fonctionne correctement suivant un raisonnement mathématique ; ingénierie dans des systèmes complexes comme un réseau nucléaire ou des systèmes embarqués)
- La modélisation (abstraction d’un système ou du fonctionnement d’un système, ex. le fonctionnement d’un robot en un automate), réseaux de Petri
- La sûreté de fonctionnement (étude de l’aptitude d’un système à remplir une ou plusieurs fonctions requises dans des conditions données ; ex. un passage à niveau)
La recherche pour semer une nouvelle graine
En 3ème année de cycle ingénieur, j’ai débuté un stage de 6 mois au CEA. Je travaillais sur la vérification formelle des smart contract. Mon doctorat se situe dans la continuité de mon stage. Je suis rattachée à l’université Paris-Diderot, mais je passe le plus clair de mon temps au CEA. Le doctorat dure 3 ans. Je viens tout juste de le commencer au début de l’année scolaire 2018-2019.
J’en suis à la phase de recherche bibliographique, je lis des articles, je me renseigne sur ce qui existe déjà sur la vérification formelle des systèmes blockchain et des smart contract. J’assiste aussi à des séminaires. L’idée d’un doctorat, c’est de semer une nouvelle graine, de ne pas reproduire ce qui a été fait précédemment.
Mon doctorat porte sur un thème plus large que la stricte vérification formelle des smart contracts. Je veux vérifier la communication entre les différents acteurs de la blockchain, la communication entre les différents smart contract (programmation informatique, code, orientée objet). Un contrat peut appeler une fonction présente dans un autre contrat. Il sera également important de voir la communication entre les les différents nœuds des systèmes.
A l’avenir, je ne veux pas suivre la voie académique, devenir enseignant-chercheure. J’ai plutôt pour ambition de m’intégrer à un service de R&D dans une entreprise pour faire de la recherche appliquée. Je ne suis pas assez pédagogue pour devenir enseignante !
A propos de l’Axe de recherche Modélisation Group au sein du parcours recherche de l’ESILV
Les trois axes de recherche du Groupe Modélisation s’articulent autour de l’étude mathématique et numérique de modèles issus de la physique, de la mécanique et de l’informatique. Plus précisément, il s’agit de l’axe fluides et matériaux, de l’axe vibro-acoustique, matériaux composites et polymères et enfin de l’axe des réseaux intelligents pour l’énergie. Ces travaux sont principalement liés à l’école d’ingénieurs et sont liés aux formations en mathématiques, mécanique numérique et nouvelles énergies.