La transition énergétique consiste à s’orienter vers un modèle énergétique moins polluant, plus indépendant et s’appuyant sur des économies d’énergie à tous niveaux. La transition énergétique est source d’emplois, et demande des formations pluridisciplinaires.
Guillaume Guerard, enseignant-chercheur au département Nouvelles Énergies de l’ESILV, interroge l’évolution du rôle de l’ingénieur pour la transition énergétique, dans un article paru dans le journal des Grandes Écoles et Universités.
Vers un réseau plus intelligent
Par la mise en place de systèmes embarqués ou de contrôle, le réseau électrique tend à devenir plus « intelligent ». Ce réseau, décentralisé, bidirectionnel et possédant une économie circulaire est appelé le Smart Grid.
Les ingénieurs font face à de nouveaux challenges : comment intégrer les énergies renouvelables à la production erratique ? Comment contrôler les batteries ? Comment rénover nos centrales, notre réseau, les bâtiments ? Comment éduquer les utilisateurs aux nouvelles technologies ? Autant de questions que de rôles dans des domaines variés tels que la géologie, l’informatique, la physique de l’énergie, etc. Nous pouvons regrouper la transition énergétique en trois grandes thématiques scientifiques: les sciences physiques, les sciences humaines, et les sciences informatiques.
Un socle technique en sciences physiques
Notre habitat, nos centrales, nos sources énergétiques tendent à évoluer, se rénover dans le but de consommer/produire de façon plus efficiente et efficace. Les ingénieurs doivent imaginer de nouvelles façons de construire et penser à l’intégration dans le paysage urbain et l’impact sur l’environnement.
Prenons par exemple le nucléaire. Ce domaine comprend le démantèlement de certaines centrales, la gestion des déchets générés et la gestion de l’impact dans le réseau. Il s’agit aussi de concevoir les futures centrales de quatrième génération. La rénovation et la construction des bâtiments demandent une connaissance des matériaux, de la physique associée ainsi que les techniques de simulation informatique afin de définir les meilleures stratégies de construction à adopter pour garantir la meilleure efficacité énergétique.
Un accompagnement des usagers
Tout en conservant un socle technique primordial, la formation d’ingénieur doit contenir des sciences humaines.
Le développement durable est aussi une prise de conscience pour les acteurs du réseau. L’ingénieur doit s’appuyer sur des connaissances en droit, en finance ou en conduite de changement.
Pour une médiation en entreprise, l’ingénieur aura pour objectif d’optimiser les consommations énergétiques par la rénovation du bâtiment ou la mise en place de systèmes de contrôle : détection des surconsommations, gestion des achats d’énergie, études pour optimiser la consommation d’énergie, communication auprès des occupants, etc. Les changements effectués doivent être en accord avec le personnel sur place. Il faut aussi les éduquer aux nouvelles technologies à leur disposition.
Mise en place du réseau intelligent
Le confort et le rythme de vie des usagers ne doivent pas considérablement changer.
C’est pourquoi le principal acteur dans la transition énergétique est d’ordre numérique. La nécessité d’adopter une approche davantage systémique, cognitive et distribuée apparaît clairement dans la transition énergétique. Les ingénieurs devront proposer des systèmes intelligents, conscients de leur environnement et des contraintes énergétiques.
Les appareils et acteurs du réseau devront apprendre et pourront prendre des décisions en accord aux contraintes locales et des décisions des autres acteurs. Prenons l’exemple des réseaux. Il faudra les adapter à l’arrivée de sources d’électricité intermittentes, venues de milliers de petits producteurs, en insérant des systèmes de stockage et de pilotage de la demande. Ces systèmes devront être développés, installés, optimisés, maintenus et feront partie d’un système de communication dédié.
En conclusion
Le rôle de l’ingénieur va considérablement se diversifier à mesure que la transition énergétique s’effectuera. Tous ces travaux devront être managés par des ingénieurs possédant les connaissances transverses afin de garantir l’efficacité du modèle.
L’ingénieur de la transition énergétique devra posséder des connaissances en sciences physiques, humaines et informatiques, les capacités à manager une équipe et à mener un projet complexe.
La majeure Nouvelles Énergies de l’ESILV propose des enseignements intégrant sciences dures et sciences douces, afin de fournir aux futurs ingénieurs le bagage scientifique, et une grande expérience en entreprise.
Article publié dans le Magazine des Grandes Écoles et Université de novembre 2016.
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