L’évolution du prix du plein d’essence, du kilo de sucre ou de sa facture d’électricité : derrière tout ça se cache le travail des traders en matières premières et énergie. Qui sont-ils et comment impactent-ils concrètement le quotidien des citoyens du monde ?
Thomas Oili, intervenant à l’ESILV en finance de marché et Joëlle Miffre, professeur de finance spécialiste du marché des matières premières à l’EHEC Business School, se sont penchés sur les caractéristiques très spécifiques du trader en matières premières.
La trilogie du Trader en matières premières
On distingue 3 grands types de profils de trader en matières premières et énergie. D’abord, celui qui officie dans une banque d’investissement. Car même si les grandes banques sont de plus en plus nombreuses à se retirer des activités de négoce de matières premières (essentiellement pour des questions de rentabilité), les traders y ont encore toute leur place.
« Ils y font essentiellement du trading client. Ils garantissent des prix fixes à des entreprises ou des structures publiques qui consomment des matières premières en grosse quantité (les compagnies aériennes par exemple). Ce sont donc avant tout des gestionnaires de risques », indique Thomas Oili.
Le trader en matières première peut ensuite exercer leur activité chez le producteur. « Leur rôle est alors d’optimiser la production de leur entreprise sur les marchés, de la vendre au meilleur prix. » Ils peuvent enfin évoluer au sein de commodity houses. « Il s’agit alors de faire de la pure spéculation sur les marchés : acheter, vendre sur du physique ou des produits dérivés. »
La bonne porte d’entrée
Si un stage au sein d’une banque d’investissement, d’un producteur ou d’une commodity house est évidemment un bon ticket d’entrée vers le métier de trader en matières premières, des profils d’analystes ou d’ingénieurs spécialisés ayant suivi une formation complémentaire en finance sont aussi très recherchés.
C’est notamment le cas dans les corporations agricoles qui recrutent beaucoup d’ingénieurs agro, ou des géants de l’électricité qui recrutent des diplômés en génie électrique. « Sur le long terme, ils pourront envisager des carrières dans le risk ou l’asset management dans une banque d’investissement, un edge fund ou même ouvrir leurs propres fonds », conclut Joëlle Miffre.
Un métier de spécialités
Mais leur travail diffère aussi en fonction de la matière première sur laquelle ils évoluent.
« Un trader dans le grain a des contraintes physiques de transport et de stockage qu’un trader en électricité n’a pas ». Des différences notables se manifestent aussi dans les conditions de travail.
« L’électricité c’est H24, il faut souvent travailler la nuit. Idem pour le pétrole : il faut toujours avoir son téléphone sur soi car la moindre heure de retard dans une livraison, ce sont des milliards de dollars de perdus. »
Un monde d’opportunités
Des matières premières, il y en a donc pour tous les goûts, mais comment choisir la bonne ? Si de belles opportunités se trouvent aujourd’hui chez les producteurs (challenges de taille, très bons salaires d’embauche et packages avantageux), pour Joëlle Miffre, les banques d’investissement restent porteuses. « Beaucoup plus qu’il y a 20 ans d’ailleurs, car elles investissent de nouveaux marchés, des produits indexés à court ou long terme qui offrent une performance très forte et sur des marchés où on gagne à la hausse et à la baisse. »
Ultra connecté aux réalités du quotidien
« On reproche souvent au trading d’être déconnecté de la réalité et du quotidien or, le trader des matières premières, c’est tout le contraire. C’est un métier au cœur des enjeux économiques, géopolitiques et environnementaux mondiaux de demain », affirme Thomas Oili.
Article publié dans le Monde des Grandes Écoles et des Universités, Hors-Série Finance et marketing, novembre 2016