L’esprit de la recherche et de la méthode, la culture de l’expérimentation et de l’amélioration continue sont des qualités personnelles indispensables pour un futur ingénieur. C’est la mentalité que Théo, promo 2021, en parcours recherche au De Vinci Research Center, a pu développer tout au long de ses études et travaux en data science.
Aujourd’hui, étudiant en double-diplôme ESILV-Tianjin University, il revient sur ses découvertes qui l’ont plongé dans le monde du data-tourisme vu par le double prisme de l’approche DVRC et de l’expertise chinoise dans le big data et l’intelligence artificielle. Dans le cadre de son parcours recherche au sein de De Vinci Research Center, Théo Demessance, étudiant de la majeure Informatique, objets connectés et sécurité à l’ESILV, a intégré le Groupe Digital, sous la coordination de Nicolas Travers, en charge des travaux de recherche autour du big data dans le secteur du tourisme. Un secteur dans lequel Théo s’est forgé une expertise reconnue par la communauté internationale de la recherche en data science. Témoignage.
L’ESILV, une école généraliste avec un ADN transversal et une dimension projet
Avant d’intégrer l’ESILV, j’ai effectué mes études au lycée Lakanal à Sceaux, en filière Scientifique spécialité physique. Pendant ma terminale au lycée Lakanal, j’étais très indécis sur ce que je voulais faire plus tard. Beaucoup de domaines m’intéressaient. Ainsi, je suis allé à de nombreux salons rencontrer les différentes filières, écoles et spécialités qui étaient susceptibles de me convenir. Le parcours ingénieur a su retenir toute mon attention grâce à son côté scientifique, mais aussi stratégique et essentiel pour chaque entreprise.
Je me rappelle que l’ESILV m’avait beaucoup plu grâce à son parcours généraliste, sa renommée qui grandissait et son côté transversal (i.e le fait d’évoluer dans un pôle académique avec plusieurs écoles de différentes majeures).
J’intègre donc l’ESILV directement après le baccalauréat en 2016. Les deux premières années sont très théoriques et l’enseignement scientifique est très poussé, mais la dimension projet me plaît beaucoup. Mon intérêt pour l’informatique grandit, mais je suis toujours intéressé par la filière finance.
En 3eme année, le cours de Datasciences & IA de Christophe Rodrigues me plait énormément. D’autant plus que je me rends compte que le marché du travail dans l’IA connait un grand essor. Je me renseigne sur le métier de Data Scientist et le recoupement de l’analyse mathématique avec la programmation me séduit. Je choisis donc de m’orienter dans la majeure IBO.
Se former à la recherche et par la recherche dans le cadre du DVRC
Le DVRC, De Vinci Research Center, est le laboratoire de recherche du Pôle Léonard de Vinci. Il a pour objectif de développer une recherche de qualité, reconnue dans les communautés académiques nationales et internationales. Il est composé de 4 groupes : Business, Digital, Finance et Modeling ; qui traitent des sujets différents. Il faut bien distinguer le parcours Recherche et le parcours Innovation. La différence réside selon le point de vue que l’on prend : L’innovation consiste essentiellement à utiliser des découvertes scientifiques afin d’en tirer des produits utiles ou à apporter une contribution à un produit, un processus ou un service existant ; tandis que la recherche c’est l’investigation systématique et l’étude de matériaux et de sources afin d’établir des faits et de parvenir à de nouvelles conclusions.
Pour ma part, j’ai réalisé mes travaux au sein du Digital Group, dirigé par Nicolas Travers. Les travaux de recherche du groupe s’intéressent à la transformation digitale à l’ère du Big Data, d’une manière multidisciplinaire et transversale, avec 4 axes principaux : l’entreprise et le numérique (impact de la révolution du digital), l’industrie intelligente (IA et jumeaux numériques), du Big Data aux Smart Data (Data Mining, Machine Learning et Big Data processing) et le Computer Human Interaction (IA et Smart Materials).
Dans le cadre de mon double diplôme avec l’université de Tianjin en Chine, chaque étudiant doit rédiger et publier un article scientifique, dans un domaine que l’on souhaite. Pour ma part, j’ai profité du partenariat afin de travailler en collaboration avec le DVRC et le TJU Lab (Laboratoire de recherche de Tianjin University).
Ainsi, le DVRC a une grosse expertise dans le domaine du tourisme, grâce à une grosse base de données, et des partenariats avec des organismes régionaux afin de pouvoir réaliser des travaux très poussés. J’ai donc voulu apporter ma pierre à l’édifice en produisant un papier dans cette thématique. Je me suis focalisé sur la prédiction de comportements touristiques.
Pour être plus précis, le but de mon papier était de créer un outil (que des entreprises de tourisme entre autres pourraient utiliser) prédisant, avec une certaine probabilité, un lieu ou un touriste donné pourrait aller, en prenant en compte les lieux qu’il a déjà visités. Pour cela, j’ai utilisé le Machine Learning, et plus précisément les chaines de Markov, qui nous permettaient de modéliser des petites séquences temporelles tout en gardant une relation d’ordre entre les éléments de la séquence.
Après plusieurs tentatives dans des conférences internationales, mon papier a été accepté à la 22eme conférence internationale sur la gestion des données mobiles au Canada ; ou j’ai pu présenter mes travaux devant plusieurs chercheurs venant du monde entier. Cette expérience fut très formatrice, car il faut apprendre à fouiller un sujet, à se documenter, à aborder un problème donné, à poser des hypothèses, à essayer de les résoudre, à échouer, et recommencer encore et encore jusqu’à l’obtention de résultats.
Se former au software engineering grâce au double-diplôme ESILV- Tianjin University
Le double-diplôme avec l’université de Tianjin est un partenariat, mis en place par l’ESILV. Il permet, aux personnes acceptées, de réaliser un master chinois de 2 ans et demi en software engineering (ingénierie en génie logiciel).
Mes recherches m’ont amenées à trouver ce partenariat qui amenait à un double diplôme, et il a su retenir mon attention : la Chine est le pays le plus avancé et ayant le plus gros budget en IA mondial, l’université est présente dans le top 100 des meilleures universités mondiales en ingénierie, et enfin l’occasion de découvrir un pays dont la culture m’intriguait.
Cependant, même s’il y a beaucoup de points positifs, les modalités pour être diplômé de l’université de Tianjin sont très exigeantes et d’un haut niveau : il faut valider tous les crédits de cours, valider le niveau HSK 3 (équivalent B1) en chinois, publier un article scientifique et/ou déposer un brevet. Les cours sont dispensés en anglais, mais il peut arriver que certains professeurs fassent les dispensent en chinois ! A ce jour aucun étudiant de l’ESILV n’a pu arriver jusqu’au bout !
Étudier l’ingénierie en Chine, une chance unique
Etudier en Chine, c’est une expérience ! Et un excellent choix pour les étudiants qui souhaitent étudier à l’étranger. Surtout compte tenu de l’énorme développement de la Chine dans tous les domaines, ce qui fait de ce pays une destination phare pour de nombreux étudiants du monde entier.
Dans un premier temps, cela permet d’apprendre le mandarin, première langue parlée au monde. Tianjin étant une ville très industrielle, peu occidentale, il y a très peu de chinois anglophones ; l’immersion est donc totale. Pour ma part, au bout de 6 mois j’avais réussi à développer un niveau intermédiaire.
Dans un second temps, certaines des universités chinoises comptent parmi les mieux classées du monde. Cela apporte un côté très international au profil, très apprécié des recruteurs, et surtout utile si l’on souhaite se tourner vers une carrière internationale.
Dans un troisième temps, lorsqu’on parle d’étudier en Chine, on parle de programmes d’études à des coûts acceptables, par rapport aux pays leaders en matière d’éducation comme les États-Unis, le Japon, ou l’Europe et le Royaume-Uni. En effet, la Chine est une grande opportunité pour les étudiants qui cherchent à faire des études supérieures à des coûts abordables. Même en matière de logement et de vie, il existe des villes qui proposent des logements convenables à des coûts conformes à son budget.
Tianjin étant une ville portuaire et donc industrielle, le cout de la vie était très abordable (2/3€ par repas). Cela permet aux étudiants de découvrir la culture immense de la Chine, sans se ruiner et de pouvoir profiter à fond de son expérience ! Tianjin et Pékin étant reliées en 30 minutes en TGV, on peut très facilement avoir accès aux lieux culturels.
Le dernier point, c’est la possibilité de découvrir une région du monde tellement fascinante. En effet, ayant le statut d’étudiant international, je bénéficiais de la résidence permanente (ce qui permet de pouvoir faire des aller retours en Chine sans avoir besoin de visa pour chaque entrée – et cela n’est pas possible lors des échanges de 6 mois), ce qui m’a permis de faire de magnifiques voyages en Asie (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines) sans se ruiner au niveau des billets d’avion.
Il faut cependant souligner que les différences avec la France sont notables : culturellement, la hiérarchie entre professeur et élève est très forte. Cela nous amène à savoir travailler seul (ou en groupe), sans un suivi des professeurs. De plus, la majorité du cursus se mise sur la recherche, il faut donc savoir travailler en autonomie, savoir se documenter, … Ce qui m’a frappé c’est le peu de pratique (TD, TP, expériences, exercices, etc.) qu’on a dans les cours. En effet, la plupart des cours sont des présentations de concepts, pratiques, formules. Le professeur estime ensuite que toute la pratique doit être faite de son côté, afin d’arriver le jour de l’examen final avec toutes les clés. Cependant, je n’ai pas noté que le niveau était plus élevé comparé aux cours de mathématiques/informatique que j’ai pu suivre à l’ESILV.
Ce qui montre que la formation française est très bonne, et qu’il ne faut pas douter de cela. D’autant plus que les soft skills (savoir présenter en anglais, savoir travailler en groupe) sont des qualités qui m’ont été vantées plusieurs fois. C’est une expérience extrêmement formatrice et enrichissante qui nécessite et développe son ouverture d’esprit, rigueur et adaptabilité.
Enfin, d’un point de vue personnel, la Chine m’a réellement ouvert les yeux. On est amené à connaître des gens qui quittent leur pays, foyer, famille pour venir étudier dans un pays inconnu, sans aucun suivi ni point d’ancrage au cas où les choses se passeraient mal. J’ai eu la chance d’être accompagné par les professeurs de l’ESILV, et j’ai vraiment réalisé que cette chance était unique, que je n’avais pas le droit d’abandonner.
C’est pour cela que je souhaite remercier à nouveau Sonia DJEBALI et Guillaume GUERARD ainsi que tout le DVRC qui m’ont encadré pendant plus d’un an et demi sans relâche malgré les difficultés liées à la différence de culture et donc de manière de travailler, aux conditions intrinsèques pour valider le double diplôme.
Pour la suite, je songe réellement à repartir à l’international. J’ai beaucoup apprécié évoluer dans un milieu que je ne connaissais pas, découvrir une nouvelle culture, et rencontrer de nouvelles personnes d’horizons différents. Aussi, je pense continuer à travailler en tant que Data Scientist pendant quelques années afin de vraiment profiter des connaissances technologiques que j’ai pu apprendre au travers de mes différentes expériences. Puis, l’idée est d’évoluer sur des métiers orientés management, qui me semblent plus appropriés lorsque l’on a de l’expérience, et un peu moins de maîtrise sur les technologies (qui évoluent sans cesse à une vitesse folle !)
Sortir de sa zone de confort pour se former à la data science
Mon premier conseil, peu importe sa spécialité, est de sortir de sa zone de confort. Il y a tellement à apprendre autre part que ça veut vraiment le coup. De plus, ça nous permet de grandir en tant que jeune ingénieur, et d’avoir une certaine assurance lorsque l’on discute avec d’autres personnes.
Maintenant, pour les amateurs de data science, je pense que la recherche amène une palette de connaissances très intéressante. La Data Science n’étant pas une science exacte, il est important de savoir aller chercher les informations, savoir lire et écrire des articles techniques en anglais, et savoir accepter l’échec. De plus, à travers mes expériences et les entretiens que j’ai pu avoir, j’ai remarqué que la DS (Data Science) reste très expérimentale en entreprise, ainsi les profils orientés recherche (notamment les doctorants) sont très bien valorisés.