Une tribune de Jacques Duysens, Conseiller Stratégique relations industrielles et internationales de la majeure Mécanique Numérique et Modélisation à l’ESILV, et Systems Regional Business Development Director Europe, ANSYS Inc. Systems Business Unit initialement publiée dans Le Monde des Grandes Écoles.
L’ingénierie automobile pendant des dizaines d’années a mis le focus sur du progrès continu appliqué aux technologies classiques comme le moteur à combustion interne qui certes a fortement été amélioré sur de multiples prestations (consommation, émissions, acoustique, performances, …) mais dont les principes technologiques fondamentaux n’ont pas changé.
Aujourd’hui l’ingénierie automobile est le siège de multiples ruptures technologiques (véhicules électriques, hybrides, véhicules autonomes, …) avec des temps de développement toujours plus rapides et cela malgré les multiples challenges technologiques posés par ces ruptures.
Une conséquence majeure est la nécessité de revoir de fond en comble l’organisation des formations des futurs ingénieurs de l’automobile, les besoins des constructeurs et de leur sous-traitants ayant drastiquement évolué en quelques années.
Un exercice complexe: ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain !
La complexité de l’exercice de transformation des programmes de formation associés est réelle.
En effet de nombreuses nouvelles disciplines sont à intégrer dans les nouveaux programmes de formation des ingénieurs, sans pour autant oublier de conserver et d’adapter les enseignements fondamentaux comme la mécanique, l’aérodynamique, la combustion, la résistance au crash, les sciences des matériaux.
Toutes ces disciplines sont encore indispensables pour le développement de nouveaux véhicules éco-durables et présentant des niveaux de sécurité accrus.
Besoin fort d’intégrer de nouvelles disciplines
Au niveau motorisation, il est clair que l’électrification est devenue clé, ainsi que les diverses architectures hybrides: hydrogène-électrique, thermique-électrique , … L’électronique de contrôle et de management de l’énergie constitue aussi un élément clé de ces architectures.
Les systèmes d’aide à la conduite (systèmes ADAS) et les véhicules autonomes exigent la maîtrise de beaucoup de nouvelles disciplines.
On peut citer par exemple :
– les logiciels embarqués, les aspects certification et sûreté de fonctionnement. Quelques récents accidents montrent qu’il y a encore beaucoup à faire et très certainement à s’inspirer des procédures d’ingénierie logicielle en aéronautique et en avionique.
– la physique des capteurs
– les algorithmes d’intelligence artificielle: leur puissance et leurs limites
– la gestion des objets connectés
Des processus d’ingénierie dédiés aux pays émergents
Même si les technologies évoquées ci-dessus sont au service du développement de véhicules de plus en plus sophistiqués, la demande d’évolution des compétences ne s’arrête pas là!
Le développement de véhicules low cost pour les pays émergents est aussi devenu un axe stratégique pour beaucoup de constructeurs.
Cela requiert la maîtrise de nouveaux processus faisant appel à l’ingénierie dite »frugale », discipline très développée en Inde et reprise avec succès par Renault pour le développement de sa gamme low cost (Dacia, Kwid). Les formations à l’ingénierie frugale nécessitent la prise en compte forte des variables économiques dans les processus de développement. L’optimisation n’est pas que technique mais aussi financière.
L’importance des filières apprentissage
Ces ruptures technologiques sont aussi fortes que les ruptures générées par l’arrivée de la CAO et des technologies de CAE dans les bureaux d’études dans les années 80-90.
Elles nécessitent aussi de pouvoir former à ces nouvelles technologies des ingénieurs en poste. Il est donc crucial de dispenser aussi certains de ces enseignements dans des filières d’apprentissage et d’organiser des stages de formation intensive.
L’Option Automobile à l’ESILV
L’ESILV (École Supérieure d’Ingénieurs Léonard de Vinci) propose aux étudiants ingénieurs une option Automobile dans les deux années de master (majeure Mécanique Numérique et Modélisation). Le programme est un mix entre les enseignements fondamentaux (combustion, dynamique rapide, simulation de crash test, Digital Twin, …) et des enseignements dédiés aux nouvelles technologies afin de répondre au mieux aux demandes des constructeurs automobiles et de leurs partenaires. Ce programme est fortement axé sur les techniques de simulation, celles-ci étant devenues un élément clé pour la validation des véhicules et s’avère encore plus stratégique et indispensable pour le développement des véhicules autonomes.
En outre l’ESILV propose aux étudiants de dernière année la possibilité de suivre les cours du certificat en Automobile dispensé par l’Université de Liège et le Campus Automobile de Spa-Francorchamps dans le cadre du Programme Européen Erasmus.
Retrouvez les coordonnées de Jacques Duysens. Plus d’informations sur la majeure Mécanique Numérique et Modélisation.