L’ingénieur pour conduire les grands projets énergétiques de demain devra être technique, s’appuyer sur de fortes compétences humaines mais, surtout, il devra penser de façon transverse.
Une tribune de Pierre Courbin, responsable de la Majeure Nouvelles Energies
Les grands projets qui nous attendent ont cette spécificité, essentielle pour la transition énergétique, de mobiliser des compétences et des acteurs très divers. Pour réussir, nous devons faire parler ensemble des personnes qui n’ont pas le même langage, pas forcément les mêmes attentes ni les mêmes objectifs à court terme. Les ingénieurs devront ainsi échanger avec des financiers, en s’appuyant sur des sociologues et des juristes, pour répondre aux besoins des industriels, des collectivités locales et des particuliers, tout en veillant à proposer des solutions dites durables. L’équation est certes complexe, mais loin d’être insoluble.
Des spécialités techniques diverses
Sans préciser les compétences en physique/chimie qui sont toujours essentielles, nous pouvons évoquer trois grands domaines techniques à surveiller.
Agro/Agri
Le cœur de notre énergie vient de notre alimentation, nous aurons besoin d’ingénieurs capables de nous accompagner pour l’analyse des sols, la gestion de l’eau, la prise en compte de la production agricole, la gestion des territoires ou des ressources naturelles.
Urbanisme/Environnement
Notre habitat va devoir évoluer, se rénover, consommer moins et mieux : s’optimiser. Les ingénieurs doivent imaginer de nouvelles façons de construire, de concevoir les réseaux de distribution et de transport et de traiter les déchets. Ils doivent aussi penser à l’intégration des projets énergétiques dans le paysage urbain et leur impact sur l’environnement.
Numérique
Comme pour tant d’autres domaines, le numérique révolutionne celui de l’énergie. C’est la voie que nous avons choisie d’explorer à l’ESILV. Nous sommes convaincus que les ingénieurs devront proposer des systèmes intelligents, conscients de leur environnement et des contraintes énergétiques. Ils nous permettront d’optimiser notre consommation, surveiller les fuites ou encore tirer au mieux profit de nos systèmes de production d’énergie locale et renouvelable.
Des compétences humaines importantes, une transversalité indispensable
Malgré l’urgence évidente de la situation, pour ces grands projets énergétiques, l’ingénieur doit prendre du recul et maîtriser l’impact de ses choix techniques sur le futur. Le principe de développement durable l’incite à prendre en compte les aspects écologiques, financiers mais aussi sociaux de ses projets. Il faut qu’il puisse s’appuyer sur des connaissances plurielles, en droit, en finance tout comme en communication ou en conduite de changement. Ce sera leur goût pour la pédagogie, l’accompagnement des autres, la réflexion sur toutes les implications de leurs choix qui feront la différence pour ces ingénieurs.
Pour se développer ainsi, ils devront de plus en plus être formés de façon transverse, supprimant ainsi les anciennes barrières et leur permettant d’élargir leurs perspectives ; c’est le cœur du projet du Pôle Universitaire Léonard de Vinci où nous faisons travailler ensemble nos élèves managers (EMLV), ingénieurs (ESILV) et experts en communication digitale et en design (IIM) pour des réalisations toujours plus formatrices et innovantes.
Finalement, tout en conservant un socle technique primordial, la formation d’ingénieur doit affirmer ses enseignements en Sciences Humaines. Nous devons nous souvenir que la technique et la science sont les outils de l’ingénieur, mais ils ne peuvent exprimer tout leur potentiel qu’avec le développement d’une conscience éthique.
Pierre Courbin, Responsable du Département Nouvelles Énergies
ESILV – École Supérieure d’ingénieurs à Paris-La Défense
Tribune publiée dans Grandes Ecoles & Universités Magazine – N°66 – Janvier 2015
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