Traverser le détroit de Gibraltar à la nage pour jeter un pavé dans la mare : 600 000 tonnes de déchets plastiques sont rejetées chaque année en Méditerranée, la France étant le plus important producteur de plastiques de la région.
Avec son frère Matthieu Witvoet et Chloe Helene Leger, Lucas Witvoet, promo 2022, s’est lancé dans un pari fou : rejoindre l’Europe et l’Afrique à la nage. C’était le 21 octobre que ces trois amoureux de la Grande bleue ont accompli le défi du Gibraltar : 5 h 17 à nager sans relâche dans la houle de l’océan. 16 kilomètres de mouvements de bras, d’incertitudes et de dépassement de soi à fleur d’océan.
« À force de rester à la surface, on va chercher ses propres profondeurs. Entre deux continents, dans deux océans, avec 600 mètres de profondeur sous les yeux, je me sens infiniment petit et étrangement vivant. Je crois distinguer dans l’azur le reflet de mon âme. » (Matthieu Witvoet)
Les âmes nageuses : la genèse d’une aventure
« Gibraltar est un gouffre qui engloutit les intrépides, les innocents », comme le disait le nageur français Philippe Croizon.
La détroit est l’une des sept traversées en eau libre les plus célèbres de la Planète qui font partie du circuit « Ocean’s Seven » (les « 7 océans », l’équivalent aquatique de « Seven Summits », le challenge des passionnés de l’alpinisme).
« Durant quelques instants, au milieu de cette traversée à la nage de la Gironde, j’imagine l’océan en 2050, avec plus de plastique que de poissons. Les grands espaces ont la force de vous faire sentir tout petit. » (Matthieu Witvoet)
Une aventure inouïe
La beauté de la traversée du Gibraltar réside également dans son imprévisible.
Les courants plus ou moins violents, la temperature de l’eau qui change constamment sans prevenir, les vents du détroit font partie des « imprévus » ayant constraint plusieurs nageurs à l’abandon.
La difficulté, c’est de résister à la « tentation de l’abandon », même quand la douleur est plus forte que soi-même. « J’ai mal, donc je suis », c’est la formule qui a résonné le plus fort pour Lucas pendant ses moments de guerre contre soi-même.
« Dix minutes plus tard, alors que la douleur se trouvait au niveau de la vessie, celle-ci commence à se généraliser d’un coup pour atteindre le haut de mon corps. Je ressens la même sensation que si on me frappait sur la parti gauche du thorax toutes les 5 secondes. Face à cette douleur je me mets à crier sous l’eau. Je me sens impuissant, non pas face à Mère Nature mais bien face à moi-même. » (Lucas Witvoet)
« Je n’en peux plus, j’arrête », cela n’a pas été une option pour Lucas.
« A ce moment là, Matthieu et Chloé s’arrêtent, je suis prêt à remonter sur le bateau, mais c’est Fernando, capitaine du zodiac qui a fait la traversée à 5 reprises qui me montre une technique pour me détendre selon laquelle il faut faire de la brasse sur le dos. Cela me paraît absurde mais au point où on en est, si l’on m’avait dit d’imiter le dauphin pour me relaxer je l’aurais fait. Après 3 minutes c’est l’exploit, je réussis à me détendre, je suis libéré, délivré, je peux enfin m’appliquer pour de nouveau fendre l’eau et continuer à glisser. C’est à ce moment précis que je comprends que le proverbe “ensemble on va plus loin” n’est pas seulement un beau proverbe, c’est un proverbe rempli de sens.” (Lucas Witvoet)
Une heure et demie et 8 kilomètres plus tard, les muscles en feu, la fatigue au bout des bras, les pieds ensanglantés, le trio atteignait la côte marocaine.
« Nous n’avons pas conquis un océan, c’est lui qui nous a ouvert un passage et c’est à nous de le respecter. » (Chloe Helene Leger)
« On peut faire tellement plus que l’on ne croit », et des initiatives telles que l’Ecoalf, l’Auum et Loop en sont la preuve.
« Ces solutions nous font rêver un jour de nager dans un océan propre, ça vous plairait ? «
Pour découvrir comment l’ESILV met l’ingénierie au service de la planète.
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