X

Pourquoi enseigner l’éthique en école d’ingénieurs ? La démarche climat & RSE à l’ESILV

Crise climatique, transition énergétique, technologies éthiques… La responsabilité éthique des ingénieurs est désormais conditionnée par la nouvelle donne environnementale et sociétale qui concerne notre siècle et les siècles à venir. Pour mieux former à ces enjeux, l’ESILV fait évoluer ses enseignements avec l’introduction d’un nouveau parcours Développement durable – RSE- éthique dans le cadre du cursus ingénieur.

Selon « The shift project« , seulement 11% des formations du supérieur intègrent les enjeux climat-énergie dans leurs programmes sous forme de cours « obligatoires ». Alors que la prise de conscience étudiante autour de  la crise écologique n’a jamais été aussi étendue, les établissements sont appelés à revisiter la formation ingénieur pour intégrer les enjeux sociétaux et environnementaux aux programmes académiques.

C’est dans ce contexte et pour continuer les démarches du Pôle Léonard de Vinci autour de la responsabilité sociétale que l’ESILV intègre une nouvelle dimension « développement durable & RSE & éthique » dans son cursus ingénieur en 5 ans. Un nouveau cursus « éthique de l’ingénieur » est proposé aux étudiants du cycle ingénieur, dès la rentrée 2021.

Un cours d’éthique pour « former l’ingénieur du 21e siècle »

Auteur du cours « Éthique de l’ingénieur » à l’ESILV, Louis Colin est expert sur les questions relatives à l’éthique de l’innovation et des technologies : président du cabinet Poincaré Consulting, expert auprès de différents cercles de réflexion, responsable d’enseignement dans plusieurs écoles et facultés. Le cours qu’il propose aux étudiants de 4e année de l’ESILV a pour ambition de « répondre aux exigences du projet Former l’ingénieur du XXIème siècle du Shift Project ».

Dans ce contexte, ce cours a pour objectif notamment :

  • D’expliciter la notion d’Anthropocène, et de mettre en lumière les scénarios et trajectoires sociotechniques actuelles, notamment les relations d’interdépendance entre sphère technique, sphère physique et sphère économique.
  • Permettre aux étudiants de « définir et d’assumer leur sphère de responsabilité » en tant qu’ingénieur citoyen.
  • D’interroger les « modes de gouvernance actuels de l’innovation »  ;
  • D’amener les étudiants « à mettre en œuvre une logique de durabilité en s’appuyant sur l’esprit critique, l’autonomie et la réflexivité. »

De nombreux de temps de parole, d’échange et de débats sur des controverses techniques sont aménagés pour favoriser la réflexion critique des étudiants.

Sensibiliser les futurs ingénieurs au climat à l’ère de l’Anthropocène

L’Humanité a atteint un niveau de développement technologique très élevé qui ne lui permet pourtant pas de répondre à l’un des enjeux majeurs du XXIème siècle : le péril environnemental en cours (réchauffement climatique, perte de la biodiversité, pollutions diverses, etc.).

Dans ce contexte, le progrès technologique devient plus un facteur d’instabilité que de progrès humain. C’est le constat réalisé en 2021 par une centaine de prix Nobel dans une tribune intitulée « Our Planet, Our Future ». Les experts y écrivent notamment :

« Dans leur ensemble, les progrès technologiques réalisés jusqu’à présent nous ont précipités sur la voie de la déstabilisation de la planète. Sans encadrement, il est peu probable que les avancées technologiques mènent à des transitions vers la durabilité.

Il sera essentiel de piloter la révolution technologique de manière délibérée et stratégique au cours des prochaines décennies afin de servir les objectifs sociétaux. » Si les progrès technologiques ont jusqu’ici mené à une plus grande déstabilisation de la planète, force est de constater que la technologie est également indispensable pour répondre aux enjeux actuels comme ceux de la transition énergétique. Pour cela il convient qu’elle soit repensée dans une démarche plus verte.

Responsabilité éthique de l’ingénieur : réfléchir et agir

Concepteur et modélisateur des systèmes et artefacts techniques, l’ingénieur détient une responsabilité singulière : que les solutions techniques imaginées et mises en œuvre répondent effectivement et en priorité aux défis de l’Humanité au XXIème siècle.

Pour ce faire, l’éthique représente à la fois outil pour la réflexion et un guide pour l’action. Appliquée à la technologie et aux ingénieurs, elle doit permettre une meilleure compréhension des enjeux sociologiques associés à la technique et notamment le rôle de l’ingénieur citoyen, et la dimension politique de toute innovation technologique.

Elle est également savoir pratique qui accompagne les professionnels ingénieurs pour répondre à la question : qu’est-ce qu’une technologie souhaitable au 21ème siècle ?

A l’heure du péril environnemental et de ces causes sous-jacentes – auquel appartient le développement « aveugle » du progrès technologique, c’est-à-dire sans boussole ni critères éthique – , le cours d’éthique de l’ingénieur est indispensable aux futurs professionnels qui auront à occuper des postes à responsabilité, pour lesquels l’expertise « technique », bien que nécessaire, est à elle seule, insuffisante. Le séminaire est également utile d’un point de vue personnel pour devenir un citoyen éclairé sur les questions relatives au développement technique.

Categories: Cursus
Related Post