Ils sont désormais inséparables. David Dupuis, ESILV promo 2016 et doctorant au De Vinci Research Center en partenariat avec Kwanko, a accueilli depuis peu un jeune labrador destiné à devenir chien guide d’aveugle. Pendant un an, il veille à sa formation et doit toujours l’avoir à ses côtés, y compris sur son lieu de travail, l’ESILV.
Ce type d’initiative est une première au Pôle Léonard de Vinci. Le Pôle, ainsi que le département des Hauts-de-Seine ont exceptionnellement donné leur accord à David Dupuis afin qu’Oxley l’accompagne sur le campus. Premières impressions sur cette expérience hors du commun.
Famille d’accueil pour un élève chien guide : un engagement d’un an
Il y a quelques mois je considérais l’éventualité d’élever un chien. Ne voulant pas me lancer dans une longue aventure sans savoir dans quoi je m’embarquais, j’ai décidé de commencer par élever un chien pendant une période déterminée. C’est ainsi que j’ai découvert l’association Chiens Guides de Paris.
Après avoir assisté à une courte présentation d’introduction par l’une des éducatrices, j’ai demandé l’accord du Pôle Léonard de Vinci, du Département des Hauts-de-Seine et de mon entreprise Kwanko. Lorsque j’ai eu leur feu vert, j’ai validé mon dossier.
Il y a deux mois environ je suis alors retourné à l’école des chiens guides pour récupérer mon premier chiot : Oxley, un labrador de 3 mois.
Réseau neuronal… et contraintes de propreté
Le début fut bien plus difficile que ce que j’avais pu imaginer ! Il ne connaissait pas la propreté et n’arrivait pas non plus à se retenir. Il faisait donc ses besoins dans l’appartement, au bureau, à l’école, sur le trottoir, etc. Il fallait parfois, même, que je me réveille à 3h du matin pour le sortir et faire de même vers 5h-6h !
La propreté est toujours la chose la plus importante et la plus immédiate à inculquer à un chien. Lorsqu’on est chien guide, il y a une spécificité supplémentaire : il faut faire ses besoins dans le caniveau et nulle part ailleurs.
Il devait aussi apprendre à dormir seul. Cet apprentissage m’a paru bien long et j’ai bien cru qu’on n’y arriverait jamais. En réalité, il apprend très vite.
Mon côté ingénieur/data scientist et passionné d’I.A. m’incite à le voir comme un réseau neuronal sous une couche épaisse de poils et des yeux marrons à tomber.
Un chien guide apprend par le renforcement positif
La méthode d’apprentissage se base sur le renforcement par des stimuli au moment opportun. S’il fait ses besoins dans le caniveau : récompense ! S’il fait pipi dans l’appartement : indifférence ou gronder. Ainsi, il associe le positif avec ce qu’il doit faire et le négatif avec ce qu’il ne doit pas faire.
On voit bien qu’il faut du temps pour que les connections synaptiques se renforcent. Mais comme tout être vivant, il cherche à maximiser le positif.
Ce qu’il y a de plus beau chez un animal de compagnie, c’est de découvrir le côté de sa personnalité qui n’a pas été sujet à l’enseignement. Ainsi, Oxley me prend parfois la main dans la gueule pour me dire qu’il veut aller quelque part. Ou bien il se roule en boule pour dormir à mes pieds. C’est en fin de compte ce que j’ai fini par aimer chez lui.
Oxley apprend à s’asseoir, se coucher, rapporter un jouet, rester à sa place, s’asseoir devant les passages piétons et marquer la montée et descente des marches. Il a également appris à prendre les escalators. C’est de cette manière que les messieurs de la sécurité du pôle l’ont vu grandir au fur et à mesure !
Un chien guide a beaucoup de choses à apprendre, c’est aussi difficile pour le maître de renforcer les règles qu’il est difficile au chien de les apprendre.
Notamment, et c’est une règle dure à imposer, Oxley ne doit pas être caressé, ni jouer lorsqu’il est en laisse et qu’il porte son body car pour lui c’est une distraction et une récompense.
Il est au travail et doit rester sérieux.
Une vie de chiot
Oxley est un peu devenu la mascotte du pôle. Beaucoup le connaissent déjà. Je n’ai jamais vu “quelqu’un” aussi enthousiaste d’aller à l’école ou au travail. Tous les jours, il rentre sur le campus avec un grand sourire. Dès qu’il voit les collègues il est aux anges !
Parfois, il court partout dans notre open-space en L405 avant de se calmer. Il a ses moments de détente et cela nous détend aussi. En même temps, c’est un petit bout de chou, mignon, calme et très affectueux. Comment ne pas l’aimer ?
Je suis curieux de voir son comportement après la rentrée avec tous les étudiants et lorsqu’il va assister à mes cours d’informatique. Tous les jours, je rencontre de nouvelles personnes qui viennent me parler de lui et me posent les mêmes questions.
Qu’est-ce-qu’un chien guide ?
C’est un chien qui est entraîné à guider une personne à déficience visuelle sur ses déplacements quotidiens. Il va la guider dans les transports en commun, dans la rue, etc. Il existe aussi des chiens d’assistance pour les personnes avec un handicap, ou les chiens secouristes, de sécurité, etc.
Ils suivent tous une formation qui leur est propre.
Faut-il être formé pour être famille d’accueil de chien guide ?
Il existe deux types de famille, les familles d’accueil et les familles relais qui littéralement prennent le relais pour les familles d’accueil ou les malvoyants lorsqu’ils ne peuvent s’occuper du chien pendant une courte période déterminée. Il n’y a pas de diplôme pour accueillir un chien guide. Il faut avoir du temps et surtout de l’énergie mais également la possibilité d’emmener son chien partout avec soi, y compris au travail.
La formation du chien dure un peu plus d’un an, entre ses 3 et 15 mois. Pendant cette période, la famille d’accueil doit assister, avec son chien, à des formations d’une demi-journée tous les mois.
Après l’âge de six mois, le chien fera quelques stages à temps plein avec son éducateur au sein de l’école. A la toute fin, il suivra une formation de plusieurs mois avant de passer un examen final même si son évaluation est quoi qu’il arrive continue. S’il passe l’examen il sera certifié chien guide sinon il sera réformé et pourra être adopté, mais il n’aura plus son statut de chien guide.
L’emmenez-vous partout avec vous ?
Oui. Il me suit au travail, que ce soit à l’ESILV, au pôle Léonard de Vinci, ou bien à Kwanko. Il vient avec moi au restaurant, au supermarché… Il prend le métro avec moi et on passe par le CNIT où la sécurité nous connait bien. Il est même allé voir Ant-Man 2 avec moi au cinéma ! C’est un bon chien et il très calme.
La seule chose gênante c’est quand les magasins ne savent pas ce qu’est qu’un chien guide en formation, ou même chien guide tout court et viennent nous voir pour nous dire que c’est interdit. Parfois on a juste envie de leur dire : “Mais c’est un chien ! Il est mieux éduqué que certains de vos clients…” Ils n’ont légalement pas le droit de le refuser. Il a le même statut légal qu’un chien guide au travail et j’ai toujours sa carte d’identité avec moi.
Ce ne sera pas trop difficile pour vous de vous en séparer ?
Je ne sais pas. C’est mon premier chien et premier chien guide. Je sais juste que je commence à m’attacher à lui et lui à moi. On se comprend d’une certaine façon. Ce sera dur, mais quoi qu’il arrive je sais que je serai fier de lui.
Si vous souhaitez en savoir plus, l’association Chiens Guides de Paris ouvre ses portes pour une journée découverte le dimanche 30 septembre de 10h à 18h.