Olivier Segond est diplômé de l’ESILV, majeure Modélisation et Mécanique Numérique, promo 2012. Aujourd’hui, responsable de matériel chez Rail Cantech, une entreprise canadienne de travaux ferroviaires, Olivier vit au Canada depuis 2018, d’abord à Toronto puis à Montréal.
La saveur de la vie au Québec, l’autonomie qu’il a su gagner dans ses missions de gestion et maintenance du parc matériel, le management « à la canadienne », il nous en parle. Témoignage.
Après un DUT, la découverte de la majeure Modélisation et Mécanique Numérique à l’ESILV
Je suis originaire d’Aix en Provence où j’ai obtenu un BAC Scientifique avec option Sciences de l’Ingénieur. J’ai ensuite décidé de lancer mes études avec un cursus universitaire technique.
Deux ans plus tard, j’obtenais un DUT en Génie Mécanique et Productique et je souhaitais poursuivre mes études, tout en gardant cette spécialisation.
Passer par un DUT ouvre les portes de beaucoup d’écoles d’ingénieurs en admission parallèle. Parmi plusieurs écoles offrant ce type de spécialité, j’ai fait mon choix avec l’ESILV que j’ai intégrée en 3e année, en spécialité Mécanique des Systèmes.
L’école, bien que relativement récente, s’offrait déjà une place intéressante dans les classements ce qui, pour moi apportait un atout pour trouver un premier emploi à la suite du diplôme.
Les cours proposés dans le cadre de la spécialité MS correspondaient à mes attentes et ce cursus me paraissait être la suite logique à donner à mon premier cycle universitaire.
Le lien avec les entreprises semblait être solide. Ce qui est très important pour pouvoir mener des projets appliqués à des problématiques industrielles réelles et d’un autre côté, faciliter le travail des étudiants dans leur recherche de stage. Le fait que les cours soient dispensés en partie par des intervenants provenant de différentes industries est un bon atout. L’ouverture de l’école sur l’international avec des partenariats liés avec plusieurs universités européennes était aussi un critère de sélection.
Les fondamentaux techniques enseignés amènent une base solide à l’étudiant ingénieur et certains des cours me permettent régulièrement d’apporter un jugement pertinent aux situations que je rencontre dans le cadre de mon travail.
La multitude des projets à mener en groupe aide vraiment à développer l’esprit d’équipe des étudiants. C’est un point très important et qui m’a servi dès mes premières missions en entreprise. Ce fonctionnement en mode projet aide également à acquérir une certaine autonomie qui est par la suite très appréciée dans le milieu professionnel.
Les diverses matières proposées au-delà des cours techniques développent l’ouverture d’esprit de l’étudiant. Je me rappelle notamment les cours de géopolitique passionnants. Les cours d’anglais, toujours de qualité, ont contribué à me donner une solide base qui m’a bien aidé lors de mes premiers mois à l’étranger dans un milieu de travail anglophone.
Un stage de découverte en France, puis une nouvelle vie au Canada
J’ai effectué mon stage de fin d’études chez Segula Technologies en conception mécanique sur un projet d’innovation en lien avec l’industrie ferroviaire. Malgré un stage plutôt intéressant, j’ai su à ce moment que la conception mécanique n’était pas un milieu dans lequel je souhaitais lancer ma carrière.
J’ai ensuite intégré le groupe Colas Rail, leader mondial de la construction ferroviaire, en tant qu’Ingénieur Matériel. Le rôle de l’Ingénieur Matériel est d’assurer la gestion de projets de construction, d’améliorations ou encore de maintenance sur des engins ferroviaires. Dans le cadre de ce poste j’ai pu mener plusieurs projets techniques d’importance toujours grandissante et j’ai pu, au fur et à mesure, commencer à manager une équipe et avoir en gestion un pôle technique.
Quelques années plus tard, j’ai senti le besoin de changer d’air et faire face à de nouvelles problématiques. De plus, le projet de partir à l’étranger devenait de plus en plus tentant. J’avais déjà le Canada en tête depuis quelque temps et j’ai donc eu l’opportunité d’intégrer la filiale canadienne de Colas Rail à Toronto.
J’ai fait partie de l’équipe de développement de la filiale dans son expansion en Amérique du Nord et dans ce cadre j’étais en charge de monter des réponses à appels d’offres lancés pour des projets ferroviaires majeurs (+1 Md de $ CAD) en Ontario.
Après une expérience d’un an très enrichissante, j’ai quitté Colas Rail et l’Ontario pour intégrer un groupe français concurrent : ETF / Rail Cantech, une filiale de Vinci à Montréal, Québec.
Le mode de management, très différent, laisse beaucoup plus de place à l’autonomie du travailleur. Pour ma part, je trouve également qu’une fois la confiance établie, il est possible de gagner en responsabilités beaucoup plus rapidement qu’en France.
La « journée type » du cadre qui doit se justifier quand il doit quitter plus tôt n’existe pas ici. Le travail est jugé au résultat et non pas à la longueur de la journée au bureau.
Les distances créées par l’échelle hiérarchique en France sont bien moins présentes au Canada et c’est très appréciable.
Il faut aussi préciser que les salaires sont plus élevés.
Les deux saisons de la gestion du parc matériel dans le ferroviaire canadien
Je travaille pour une entreprise de construction ferroviaire, nous intervenons sur des projets au Québec et en Ontario. Pour répondre à la demande des différents projets, le parc matériel de l’entreprise est composé de plusieurs dizaines d’engins spécifiques à la construction ferroviaire. J’assure pour cette entreprise la gestion du parc matériel.
À ce titre j’ai plusieurs responsabilités assez diverses. Je m’assure de mettre à disposition de nos chantiers un parc matériel fiable et en bon état de fonctionnement. Dans ce cadre, j’ai en charge la gestion d’un atelier de maintenance ainsi que le management de son équipe. Je suis garant du budget qui est alloué au parc matériel.
La finalité étant de trouver un équilibre entre les dépenses générées par la maintenance, les investissements et les recettes liées à l’utilisation des machines sur les chantiers. J’assure aussi le volet de gestion des investissements en formalisant les besoins, en définissants les cahiers des charges puis en suivant la construction chez nos fournisseurs après commande. Par ma précédente expérience, je connais les méthodes et les engins utilisés en Europe, ce qui me permet de faire des importations et ainsi créer de l’innovation sur le marché canadien.
Il y a deux saisons dans la construction au Québec : celle où l’on travaille d’arrache-pied pour tout terminer avant l’arrivée de celle pendant laquelle tout est arrêté à cause de la neige et du froid.
Pendant l’hiver, en plus de la gestion quotidienne de l’atelier et de son équipe, je prends le temps de réfléchir à de nouvelles méthodes, de mettre en place de nouveaux processus et de lancer des innovations. Avec l’arrivée de l’été et du lancement de nos chantiers, mon activité devient plus intense en ajoutant à mes missions régulières, la gestion des aléas survenant sur nos chantiers un peu partout au Québec. Je n’ai donc pas vraiment de journée type et ça me convient très bien !
Trois clés pour réussir sa vie d’ingénieur au Canada
La formation donnée par l’ESILV donne à l’ingénieur débutant les bases pour bien réussir, ensuite il ne faut pas hésiter à saisir sa chance.
Le premier poste occupé peut être déterminant dans une carrière, c’est pourquoi il est important de bien choisir.
Pour un étudiant souhaitant partir travailler à l’étranger, je donnerais le conseil de pratiquer l’anglais le plus possible pour être prêt le jour J.
Partir travailler à l’étranger est une expérience incroyable que je conseille vivement. Il n’est jamais trop tard, j’avais 28 ans quand je suis parti !
Le Canada est un pays formidable et je conseille vraiment la vie au Québec. La qualité de vie que j’ai à Montréal est vraiment supérieure à celle que je pouvais avoir à Paris, même si l’hiver est long et rigoureux.