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Modélisation des marchés et instruments financiers : conférence « Bâle III, et après ? »

Cyril Grunspan, responsable du département d’ingénierie financière et Daniel Aidan, intervenant à l’ESILV et « Head of Structured Products » à la BRED, sont intervenus lors d’une conférence de présentation des formations de finance de l’école d’Ingénieurs, afin de discuter de Bâle III, de ses conséquences et de l’avenir des métiers de la finance.

Après la crise des subprimes en 2007, le monde financier et bancaire a été ébranlé dans ses fondements mêmes et tout son fonctionnement bouleversé. Les Accords de Bâle III publiés le 16 décembre 2010 sous l’impulsion du G20, sont des propositions de réglementation bancaire. En effet, les pouvoirs publics se sont efforcés de renforcer la résilience du système bancaire à travers ces recommandations. Par un effet pervers, ces nouvelles mesures ont créé artificiellement un nouveau marché où s’échangent des produits dans le seul but d’optimiser des bilans bancaires. De fait, le risk manager se transforme en traders. Où en est-on de Bâle III aujourd’hui et quel est le futur pour les banques et les métiers de la gestion des risques ?

Bâle III : les bilans financiers et la liquidité

Bâle III a mis l’accent sur deux nouvelles notions : le bilan et la liquidité.

La taille des bilans bancaires est désormais limitée au nouveau « Leverage Ratio » ; la liquidité à court terme est, elle contrôlée avec le « Liquidity Coverage Ratio », le fameux LCR (à long terme il y a aussi le NSFR).

Daniel Aidan explique la vie à l’intérieur des salles de marché. Tout tourne autour du LCR aujourd’hui. Les banques achètent ou vendent du LCR. Il souligne qu’en août dernier, Goldmann Sachs a acheté une banque en ligne, la General Electric Capital Bank, dans le seul but d’y récupérer ses 16 milliards de dollars de dépôt (il n’y a pas d’autres actifs) afin d’améliorer sa liquidité. Il explique que les banques françaises ont structurellement des problèmes de liquidité comparées aux autres banques européennes. En effet, les dépôts n’étant pas rémunérés en France comme c’est le cas par exemple en Allemagne (une loi d’après-guerre interdisait aux banques de le faire), les épargnants placent leur argent dans des livret A ou assurance vie voire des SICAV monétaires qui échappent aux banques et ne sont donc pas pris en compte dans le calcul du LCR.

MSc Investment Banking and Risk Management

Pour Cyril Grunspan, les « Risk Manager » ne sont plus relégués dans d’obscurs départements du Middle Office mais qu’ils sont désormais à l’origine des choix d’investissement, au sommet de la gouvernance. Un grand nombre de systèmes de supervision existant aujourd’hui : l’Autorité Bancaire Européenne, l’ESMA, l’EIOPA et le Conseil Européen du Risque Systémique.

L’ESILV était parmi les premières écoles d’ingénieurs à proposer des cours entièrement centré sur le risque systémique dans la majeure d’ingénierie financière.

Daniel Aidan rappelle également que tout le monde n’est pas soumis à Bâle III ou pas tous de la même façon. Les Suisses, qui ne font pas partie de l’Union européenne, sont soumis à d’autres méthodes de calcul du LCR. Or, les banques suisses sont pleines de dépôts. Il y aurait donc un intérêt à faire des affaires avec elles. Daniel Aidan explique aussi que les assureurs sont soumis à Solvency 2 et qu’il convient de connaître aussi cette directive européenne. Les assureurs optimisent leur SCR et les banquiers leur LCR. D’où des transactions naturelles entre eux.

Bâle III et après ?

Après l’annonce faite en novembre dernier du Conseil de Stabilité Financière pour aller encore plus loin dans la capitalisation des banques systémiques, l’évocation de Bâle IV n’est pas loin. Il manquerait en moyenne à ces banques près de dix milliards d’euros chacune de fonds propre. Oui tout change et tout change même radicalement. Mais on peut sortir gagnant de ces changements.

Il s’agit de mieux connaître Bâle III que les autres, mieux que ses concurrents, pour mieux optimiser ses ratios réglementaires…

Et gagnant pour les banques, cela veut dire gagner de l’argent… L’avenir sourira à l’étudiant qui connaîtra bien Solvabilité II et Bâle III.

https://www.esilv.fr/cursus/msc-investment-banking-and-risk-management/

This post was last modified on 15 décembre 2015 9:21 am

Categories: Cursus
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