Donner le lead aux élèves ingénieurs. C’est l’objectif de la master class Intelligence Artificielle lancée à l’automne dernier à l’ESILV. Chaque semaine, un groupe d’étudiants construit et anime un cours puis crée un module de travaux pratiques.
Clément Duhart, enseignant-chercheur à l’ESILV et chercheur associé au sein du MIT Media Lab, est à l’origine de cette master class Intelligence Artificielle. Inspirée des méthodes d’enseignement anglo-saxonnes, elle permet de mutualiser les connaissances des étudiants et de capitaliser le savoir dans le domaine extrêmement vaste et changeant qu’est l’IA. Sur la base du volontariat, près de 90 étudiants, toutes années confondues, apprennent à travailler en autonomie, dans une dynamique d’échange des compétences. Quelques exemples de projets développés dans le cadre de la master class.
Bénéficier de l’expertise d’entreprises innovantes
Sur l’invitation de Clément Duhart, Snips, entreprise spécialisée dans les systèmes de traitement du langage naturel, a participé aux master class. Ses technologies d’assistance vocale peuvent s’implémenter dans une multitude d’objets et applications : domotique, électroménager, transports, commerce et divertissement. La spécificité de la technologie développée par l’entreprise française réside dans le fait que l’intelligence artificielle est intégrée à l’appareil et non pas dépendante d’une connexion Internet. En n’étant pas hébergée dans le cloud, l’assistance vocale garantit la protection des données.
L’équipe de Snips s’est intéressée à deux projets développés par des élèves ingénieurs. Un groupe d’étudiants de troisième année a conçu une paire de lunettes pour personnes aveugles. Une caméra y est fixée qui utilise l’intelligence artificielle pour identifier en temps réel des objets, détecter la proximité des reliefs, des murs, et re-synthétiser l’information par un système vocal.
Un agent conversationnel de Snips permettrait d’améliorer le concept : l’usager pourrait poser des questions à ses lunettes, du type « y a t’il un obstacle devant moi ?« , au lieu de se voir délivrer des informations en continu sur l’environnement, en dépit de ses besoins réels. Ce projet, mené dans le cadre du cursus classique suite à un appel d’offres d’entreprise, a considérablement évolué dans le cadre de la master class, grâce à l’intervention de Snips et des participants volontaires au module.
« Snips va aussi travailler avec l’association étudiante DaVinciBot : elle réalise un robot humanoïde qui détecte les émotions. Les étudiants vont utiliser la technologie de Snips pour mettre en place le système de contrôle vocal. Ils pourront ainsi interagir avec le robot », explique Clément Duhart.
L’IA au service de l’écologie et de la musique
Clément Duhart est membre du projet de recherche Tidmarsh au MIT Media Lab. Ce site du Massachusetts, ancienne ferme de cranberries, est une zone humide, observatoire de vie où réalité virtuelle et intelligence artificielle se mettent au service de l’écologie. Dans le cadre de la master class, un groupe d’étudiants a utilisé Yolo, la technologie d’analyse en temps réel et de détection d’objets sur des flux vidéos développée par Støj, un studio de codage danois. Ils ont déployé ce système sur dix caméras positionnées sur le site de Tidmarsh pour détecter en temps réel les espèces animales qui s’y trouvent.
Le Media Lab du MIT est aussi présent dans la master class à travers un projet musical. Des étudiants collaborent avec un doctorant du laboratoire américain pour mapper une texture musicale sur une mélodie en midi. Le système repère l’ensemble des textures musicales sur une rythmique et une mélodie données.
Un cercle vertueux de connaissances
Les master class hebdomadaires, d’une durée de trois heures, se déroulent de la façon suivante : un groupe d’étudiants anime un cours d’une heure, suivi d’une trentaine de minutes de questions réponses. Les trente minutes suivantes sont consacrées à la présentation des travaux pratiques sur le même thème. Les participants à la master class passent la fin de la séance à compléter le TP. La master class suivante débute par un bilan de l’édition précédente.
Les étudiants préparent et donnent le cours, Clément Duhart n’intervient qu’en cas de besoin. Le mois précédent la master class, il les rencontre et leur apporte de l’aide sur les concepts abordés. Les groupes sont constitués de quatre étudiants, se partageant le plus souvent les tâches.
Certains préparent les slides et le discours de la partie de la master class consacré au cours, les autres se chargent de créer le TP et de le coder en dur. Ils utilisent Jupyter, un notebook qui permet d’obtenir un document de travail en écrivant TP et code simultanément.
Certains étudiants ont été nommés Teacher Assistants ou TA auprès de Clément Duhart. Les participants à la master class peuvent recourir à eux pour récupérer des éléments de cours et être soutenus dans leurs projets.
La master class Intelligence Artificielle a pour vocation de faire naître et de développer de nombreux projets innovants dans les années à venir, à l’ESILV et dans les autres écoles du Pôle Léonard de Vinci, l’EMLV (Management) et l’IIM (Digital).
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