Le Général Jean-Paul Paloméros, ancien commandant allié Transformation au sein de l’OTAN, est venu partager son expérience sur l’innovation dans le domaine de l’aéronautique et de la défense.
Cette conférence était organisée par LéoFly, l’association étudiante d’aéromodélisme du Pôle Léonard de Vinci. Jean-Paul Paloméros, également conseiller militaire d’Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle, a mis l’accent sur la nécessité de garder un lien avec le terrain tout en s’appuyant sur les avancées du numérique dans l’armée de l’air.
La défense mondiale dans la course à l’innovation
Dans les plus grandes armées, les programmes de recherche servent à anticiper les progrès militaires des autres armées partout dans le monde. Il faut avoir la certitude que l’on peut se défendre contre tout ennemi. L’innovation provient à la fois de l’amélioration et de la création d’équipement adaptés, mais aussi de changements de doctrines, de paradigmes militaires existants. Aujourd’hui, le lien entre défense et innovation repose essentiellement sur l’environnement géostratégique mondial et les espaces de confrontation.
L’importance de la guerre de l’information
La place de l’information dans la défense n’est pas une chose nouvelle. Elle constitue une priorité des militaires. Mais aujourd’hui, à l’heure de la révolution informationnelle, les outils, les logiciels sont au service de flux à maîtriser impérativement.
Les systèmes d’information et de communication (SIC) sont les outils sur lesquels repose cette maîtrise de l’information indispensable aux militaires. Ils rendent possible la numérisation des opérations, enjeu majeur car véritable démultiplicateur de l’action militaire depuis les états-majors stratégiques jusqu’aux systèmes d’armes.
En facilitant grandement l’accès aux informations, ces outils améliorent la préparation des décisions et la coordination des actions, ils apportent dès lors une contribution de plus en plus visible et importante aux missions de l’Armée.
Les menaces évoluent
On le voit avec la montée de la Chine par exemple. Ils détiennent les caractéristiques d’une défense moderne. Les attaques informationnelles visent aujourd’hui à façonner les opinions publiques notamment des démocraties. Aujourd’hui c’est l’équilibre par la terreur. Le Brexit a affaibli la défense européenne. Il faut rester uni, et c’est ce qu’a montré l’OTAN.
L’innovation : conjuguer la réalité du terrain et l’état-major
Il est contre-productif de tomber dans le « tout-technologique ». Au contraire, il est pertinent d’avoir en permanence une référence opérationnelle. Depuis la fin de la Guerre froide, l’interopérabilité est au cœur du débat. L’OTAN définit l’interopérabilité comme « l’aptitude à opérer en synergie dans l’exécution des tâches assignées ». Mais il y a d’importantes différences technologiques entre les forces de l’Alliances. D’un côté, les Etats-Unis, avec des Systèmes aériens sans pilote (UAS), de l’autre au moins 13 systèmes de suivi tactique dont certains ne sont pas interopérables en raison de normes techniques différentes.
Le combattant, c’est celui qui est sur le terrain et à qui l’innovation est destinée. Il est le maillon de cette progression. Il faut être à son écoute, partager avec lui sur ses visions du combat. Lancer des expériences rapidement et avoir ce retour constant, c’est bien cela qui permet l’innovation. C’est une prise de risque qu’il faut savoir prendre pour savoir où l’on va.
L’innovation est nécessaire mais il faut également une augmentation maîtrisée des combattants sur le terrain. D’où la nécessité d’assouplir les procédures, mais de façon intelligente, en augmentant la rapidité des tâches.
Apprendre de l’histoire pour transformer l’aéronautique militaire
Les grandes fonctions stratégiques militaires sont :
- La dissuasion
- La protection
- La connaissance et l’anticipation
- L’intervention
- La prévention
Il faut apprendre et retenir des leçons de l’histoires. Lorsqu’on pense innovation, on ne pense que créativité. C’est là une grave erreur. La Blitzkrieg est le meilleur exemple en termes d’innovation : ils ont su voir l’innovation dans les armes avec les chars et les avions, mais ils ont aussi su les associer et donc modifier leur doctrine en ce sens.
Le secret, c’est la précision et l’effet. Par exemple, les équipements des combattants permettent de localiser directement les blessures et d’en mesurer la gravité. C’est un apport de l’e-santé qui permet de réagir le plus rapidement et le plus efficacement possible, en temps réel.
Une guerre de l’espace ?
L’espace devrait rester un espace commun. Mais il est finalement devenu, lui aussi est un lieu de compétitions et de confrontations. Avoir une doctrine de la guerre spatiale et une forme organisationnelle telle qu’une armée réservée à ce terrain nécessite une maîtrise des outils pour mener ce combat. L’enjeu d’aujourd’hui reste quand même le numérique plutôt qu’une conquête de l’espace.
Pour preuve, le nouveau Rafale standard F4 est entièrement connecté pour pouvoir évoluer aussi bien au niveau national qu’interallié. C’est une innovation française fondamentale. Dassault Aviation parle d’une mise en service en deux temps : 2023 et 2025.
Les objectifs de l’Option Aéronautique en 3ème année de cycle ingénieur à l’ESILV
- Préparer aux métiers de l’aéronautique et former des ingénieurs à la simulation et à la compréhension de phénomènes physiques et mécaniques complexes.
- Accompagner l’essor de l’industrie en formant des ingénieurs aptes à répondre aux enjeux technologiques complexes de cette filière d’excellence.
- Cette option s’articule autour de modules (aérodynamique, avionique et commande des systèmes, matériaux composites et endommagement, structure aéronautique, énergétique, transfert thermique) permettant de traiter les différents points clés de l’ingénierie mécanique aéronautique pour permettre aux diplômés de l’ESILV d’obtenir des postes aussi bien en recherche et développement qu’en gestion des programmes dans ce domaine.
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