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L’exploration spatiale au féminin, une tribune par Laurène, promo 2019

Laurène Delsupexhe, ancienne élève de l’ESILV, promo 2019, est l’auteure d’une tribune d’expert parue dans le Journal des Grandes Ecoles. Ingénieure systèmes en astronautique, Laurène est fascinée par la conquête de l’espace et en fait son métier.

Dans cet article publié dans le Monde des grandes écoles, Laurène retrace l’exploration spatiale à travers les femmes astronautes. Tout commence avec le projet Mercury 13, qui avait pour but de sélectionner les premières « Fellow Lady Astronaut Trainees » qui auraient dû partir à la conquête de l’espace.

Laurène est également membre de l’équipage WoMars, qui va effectuer une simulation de mission habitée sur Mars en octobre 2021, dans le désert de l’Utah. Cette base de simulation de la Mars Society américaine se situe à 1300 mètres d’altitude, pas très loin de Hanksville (220 habitants, 20 minutes de voiture), au milieu de « nulle part ».

Son article parle histoire des femmes dans l’espace et représentation des femmes dans le milieu du STEM.

L’exploration spatiale à travers le regard des femmes

1959 : MERCURY 13

Lancé en 1958, le projet Mercury est le premier programme spatial américain. Les sept astronautes sélectionnés, appelés les Mercury 7, traversent des tests physiologiques drainants, menés par Dr. Lovelace. Celui-ci se pencha sur la question des conséquences de vols spatiaux sur le corps féminin. Il sélectionna donc 25 femmes et leur fit subir les mêmes examens physiques qu’aux astronautes. De ces 25, 13 arrivèrent à bout des épreuves. Le programme n’ayant jamais été approuvée par le gouvernement ou la NASA, les Fellow Lady Astronaut Trainees doivent défendre celui-ci devant le Sénat américain. En juillet 1962, des audiences publiques furent menées, sans succès. Le programme prit fin. En 2009, une pneumologue mena une étude dans laquelle elle compara les résultats des tests des Mercury 7 et des Mercury 13. Cette étude révéla qu’en moyenne, les femmes obtenaient de meilleurs résultats, d’autant plus dans les fonctions cardio pulmonaires et dans les examens d’isolation sensorielle.

1963 : UNE FEMME DANS L’ESPACE

Le 16 juin 1963, l’URSS lance sa première femme dans l’espace. La cosmonaute Valentina Tereshkova passa près de trois jours en orbite basse. Quelques années après, Tereshkova rencontra Jerrie Cobb, membre des Mercury 13 et pilote avec plus de 10’000 heures de vol. La cosmonaute fit part de son admiration pour Cobb, puis lui demanda: « We always figured you would be first. What happened? » [3]

1969 : THE EAGLE HAS LANDED

Le 20 juillet 1969, après 4 jours de voyage, les astronautes Armstrong et Aldrin commencent leur descente vers la Lune. A 1800 mètres de la surface, des alarmes se déclenchent. L’AGC (Apollo Guidance Computer) reçoit un surplus d’informations et ne peut pas compléter toutes les tâches demandées. Cependant, grâce à un concept de calcul de priorités, le centre de contrôle de mission put donner le feu vert aux astronautes pour alunir. Ce système de priorité, qui s’avéra crucial à la mission Apollo 11, fut développé par Margaret Hamilton, directrice de l’Apollo Flight Computer Programming au MIT. Mathématicienne de formation, elle édifia les bases de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Software Engineering et le travail qu’elle mena avec son équipe est considéré comme la fondation de design de logiciel.

1983 : LET’S GO FOR A RIDE

Vingt ans après le vol de Tereshkova, l’astronaute Sally Ride, alors agée de 32 ans, s’envola à bord de la mission STS-7, non sans briser deux records à la fois: elle devint en effet non seulement la première femme américaine à voler, mais aussi la plus jeune astronaute américaine dans l’espace. Ayant divorcé de son mari en 1987 pour vivre avec sa partenaire Tam O’Shaughnessy, certains pourraient même considérer qu’elle brisa un troisième record: celui de la première personne LGBT dans l’espace.

1995 : PILOTAGE DE LA SPACE SHUTTLE

Le 3 février 1995, la fameuse Space Shuttle américaine est lancée pour la 63ème fois. Et pour la première fois, le lanceur est piloté par une femme, Eileen Collins. Le jour du lancement, l’astronaute invita ses modèles d’inspiration : les membres de Mercury 13.

2017 : UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’ASTRONAUTES

En juillet 2017, la NASA sélectionne une nouvelle classe d’astronautes.  Onze personnes sont sélectionnées, dont cinq femmes : du jamais vu ! Pour comparaison, la dernière classe d’astronautes de l’ESA (European Space Agency) est composée de huit personnes, dont une seule femme, l’italienne Samanta Cristoforetti, ancienne pilote de chasse.

2019 : UNE SORTIE EXTRA-VÉHICULAIRE HISTORIQUE

En octobre 2019, les astronautes Christina Koch et Jessica Meir accomplirent le  premier EVA (Extra-Vehicular Activity) intégralement féminin. Quelques mois avant, la NASA avait provoqué un tollé en annulant celui-ci, alors prévu avec Anne McClain and Christina Koch. La raison ? Il n’y avait pas assez de combinaison spatiale à la bonne taille…

Mary Golda Ross, ingénieure système amérindienne, Mary W. Jackson, première ingénieure noire de la NASA, Peggy Whitson, première, et seule, femme commandante de l’ISS, ainsi que de nombreuses autres femmes ont aidé à révolutionner le monde du spatial. Pourquoi réécrire l’histoire en s’appliquant à mettre en lumière les femmes? Parce que la représentation de celles-ci dans le monde des STEM (Science, Technology, Engineering, Medicine) est cruciale. Il est important de réaliser tout d’abord que les femmes ont toujours joué un rôle essentiel dans nos plus grands avancements, mais par ailleurs de montrer aux jeunes femmes la richesse d’une carrière dans cette branche de métier et la diversité au sein de celle-ci.

Sic Itur Ad Astra!

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