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Le numérique peut-il offrir des solutions concrètes aux défis climatiques ?

Tandis que s’est achevée la COP21 la semaine dernière à Paris, les enjeux climatiques continuent de préoccuper. Pierre Courbin, responsable du département Nouvelles Énergies de l’ESILV, s’interroge sur la capacité du numérique à apporter des réponses tangibles aux questions du réchauffement climatique.

Dans la lettre d’information de la Conférence des Grandes Écoles n°68 de décembre 2015, le focus est fait sur la corrélation possible entre les défis climatiques et les solutions pertinentes que peut apporter le numérique, notamment en ce qui concerne l’optimisation des ressources et de la consommation.

Convaincre, inciter, former : pédagogie à tous les étages

Le schéma utilisé aujourd’hui pour appréhender les défis climatiques semble suivre trois étapes.
Convaincre, en utilisant la science, les modèles mathématiques, l’analyse massive de données… Convaincre les populations et les dirigeants que nous sommes face à de réels défis climatiques.
Inciter, en utilisant des méthodes de marketing, de communication engageante, des leviers financiers… Inciter les populations et les dirigeants à prendre des décisions apparemment constructives pour faire face à cette situation.
Former, en réalisant des ateliers, des fiches pratiques, des jeux éducatifs… Former les populations et les dirigeants en leur apprenant des gestes basiques et en favorisant leur appropriation de concepts essentiels pour affronter ces challenges.

Malheureusement, l’étape “convaincre” semble souffrir de résultats fluctuants et un nombre important de personnes deviennent sceptiques quant à la réalité des défis climatiques ou aux solutions possibles. Le désintérêt croissant des populations et donc des dirigeants (ou l’inverse), peut-être plus préoccupés par le contexte économique actuel, laisse en effet place à des détracteurs attaquant notamment l’aspect « scientifique » qui apparaît parfois comme un argument d’autorité utilisé à mauvais escient.

Le numérique, une approche concrète

Des personnes ne croient pas assez aux défis qui nous font face ? On ne peut pas s’appuyer avec certitude sur leur engagement ? Une réponse qui semble se dessiner est d’utiliser des méthodes numériques pour automatiser nos réponses et maîtriser précisément les enjeux de ces challenges.

Automatisons les villes, les maisons, les usines. En développant des systèmes “intelligents” dans nos espaces de vie et de travail, l’idée est d’automatiser des processus afin de garantir une optimisation de la consommation et donc de la production.

Ceci se fait essentiellement grâce à des outils numériques et l’usage de grandes quantités de données (Big Data) afin de prendre des décisions automatiques pour garantir un niveau de service optimal sans gaspillage.

Des solutions nécessairement diverses

La nature ne semble pas aimer l’uniformité, elle favorise la diversité et les échanges complexes, inspirons-nous en : pour ces systèmes numériques intelligents, il faut se concentrer sur des protocoles d’échanges clairs et ouverts, laissant à chacun la possibilité de développer sa propre technologie mais s’appuyant sur l’interopérabilité avec l’ensemble de l’environnement. Comme pour la nature, cela augmente la résistance aux défauts, aux pannes et aux attaques.

Des limites à comprendre et à intégrer
Si le numérique est une solution intéressante pour répondre aux défis climatiques, il ne faut pas oublier que rien n’est gratuit. La technologie consomme, génère des déchets, nécessite de la maintenance et de la supervision. Utiliser un ensemble d’objets connectés reliés à des serveurs d’analyses doit évidemment permettre d’économiser plus de ressources que ce nouveau système n’en consomme.

Former, inciter, convaincre : se replacer au centre de la solution avec le numérique
L’automatisation semble être une solution techniquement viable mais nous savons qu’aucun changement n’est possible sans réel engagement de la population. Et il semble en fait bien pessimiste de penser qu’une réelle et profonde prise de conscience n’est pas en marche.

Que dire des mouvements tels que les “makers” avec les FabLabs, les “AMAP”, les réseaux sociaux de proximité pour échanger des services ou des biens, des voitures, des logements ?

Toutes ces approches s’appuient sur le numérique pour créer du lien et mettre les personnes en relation afin d’inventer un nouveau mode d’échange et de partage décorrélés des habitudes de consommation classiques.

Alors tout serait déjà sur la bonne voie grâce au numérique ? Oui. Et non.

On a parfois tendance à penser que les générations actuelles, celles “nées avec le numérique”, ont une compréhension innée des technologies. Ce serait une grave erreur de confondre utilisation et compréhension.

Nous avons besoin de personnes qui ont une réelle maîtrise des enjeux de ces technologies, de leurs limites et de leurs possibilités.

Le numérique pourra être une réelle solution, notamment pour les défis climatiques, si nous formons massivement les nouvelles générations à ne pas simplement utiliser mais réellement à comprendre cette discipline et que nous leurs donnons les outils et les connaissances nécessaires à son utilisation raisonnée et mesurée.

Bien formés, ils feront le reste : inciter et convaincre les autres.

https://www.esilv.fr/cursus/cycle-ingenieur/majeures/nouvelles-energies/

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