Laurène, promo 2019, revient tout juste du désert de l’Utah où elle a effectué une mission martienne analogue en tant qu’ingénieure de l’équipage WoMars. Elle raconte son expérience.
Tout juste rentrée en France, Laurène Delsupexhe, diplômée de la promotion 2019, n’oubliera pas de sitôt son expérience de simulation de vie sur Mars à la station MDRS (USA) réalisée en octobre 2022.
WoMars : 4 femmes à la conquête de l’espace
L’équipage 267 n’est autre que WoMars, l’équipage que j’ai fondé il y a maintenant 3 ans
- Laurène Delsupexhe : Ingénieure
- Cristina Vázquez-Reynel : Officier exécutif
- Marta Ferran-Marqués : Commandante, scientifique & responsable des médias
- Paula Peixoto : Biologiste + Responsable de la santé et de la sécurité
Ce chiffre 267 nous a été assigné par la Mars Society, car nous sommes le 267ième équipage à mener une mission dans leur station MDRS – Mras Desert Research Society.
Au-delà de cette mission, l’objectif de notre association est de promouvoir la représentation des femmes dans le secteur de l’exploration spatiale humaine. Nous menons des missions, des entrainements, des conférences, des ateliers vers ce but.
Nous avons eu beaucoup de chance : la mission s’est relativement bien déroulée. Comme n’importe quelle expérience, il y a eu des hauts et des bas, mais dans sa globalité, nous avons réussi à sortir de cette simulation plus unies, riches en connaissance et aventures, et plus que jamais motivées à continuer le travail commencé.
Deux semaines d’expériences scientifiques et technologiques au féminin
Tout d’abord, il est important de mettre notre mission en perspective : cela reste une simulation dans un cadre relativement sécurisé. Cela a influé sur les aspects psychologiques et physiologiques. Cela étant dit, cette mission nous a poussé à sortir de notre zone de confort, de plus que jamais essayer de comprendre le point de vue d’une coéquipière avec qui nous ne sommes pas d’accord, de rendre cette promiscuité aussi agréable que possible.
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L’important n’est pas d’éviter les petites querelles, nous étions condamnées à ce qu’elles arrivent, mais plutôt d’apprendre à les gérer avec calme et bienveillance. D’un point de vue physiologiques, nous maintenions un emploi du temps strict dans lequel une bonne nuit de sommeil et une petite séance de sport quotidienne étaient partie intégrante. Cela nous a permis de réduire les impact physiologiques (et par la même occasion psychologiques) autant que possible.
De nouveau, il est important de remettre en contexte la mission : le but n’était pas de révolutionner le monde scientifique en 2 semaines. Cependant, grâce à la confiance que nous ont apportée nos partenaires, nous avons eu le privilège de tester de nombreuses technologies dont les données acquises durant la mission devraient permettre, à leur niveau, de valider ces produits.
De plus, un point important que nous voulions illustrer est la dynamique d’un équipage intégralement féminin. Dans ce cadre-là, il est rapidement devenu évident que, malgré toutes les différences que nous pouvions avoir entre nous, cette sororité nous liait et nous étions unies dans notre souhait de prouver la capabilité des femmes de mener à bien des missions spatiales.
Ma mission principale en tant que Crew Engineer était de maintenir en état de fonctionnement la station et ses sous-systèmes.
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Cela impliquait des EVAs afin de vérifier l’extérieur des bâtiments, de tester les combinaisons, de gérer l’apport énergétique et la consommation d’eau, ou encore de s’assurer du bon fonctionnement de la fosse sceptique, tâche un peu plus ingrate mais essentielle.
L’enseignement individuel le plus important que j’ai tiré est précisément que ceci n’est pas une expérience individuelle mais avant tout de groupe : mes coéquipières et moi avons véritablement travaillé à la bonne entente, car cela n’est pas inné.
Il faut tous les jours choisir de bien s’entendre entre nous, de laisser couler les petits éléments qui, dans un contexte normal, nous ferait réagir. L’expression de « greater good » prend un tout autre sens, une fois coincé dans une boîte de conserve dont on ne peut sortir dans le but de se préparer à voyager quelques millions de kilomètres et de s’installer sur une planète hostile.