Cyril Grunspan, professeur et responsable de la majeure Ingénierie Financière à l’ESILV répond aux questions du magazine l’Argus de l’Assurance.
Une interview à retrouver en ligne.
L’Argus de l’assurance : Quelle est l’originalité de l’option fintech proposée en cinquième année dans le cadre du cursus ingénieur de l’Esilv ?
Cyril Grunspan : Il s’agit, à ma connaissance, de la seule option de ce genre enseignée en France. Nous l’avons lancée il y a deux ans, mais les premiers cours dans cette matière ont débuté en 2015, en même temps que les premiers enseignements sur les monnaies numériques.
Quel succès a-t-elle rencontré ?
Le développement est assez fulgurant. Au départ, moins d’une dizaine d’étudiants étaient intéressés. Cette année, l’option en rassemble une soixantaine, sur une promotion d’environ 400 élèves. L’année prochaine, nous en attendons une centaine et nous allons transformer cette option en véritable « majeure », au même titre que l’ingénierie financière, par exemple.
L’option fintech recouvre-t-elle aussi le champ des assurtech ?
L’actuariat occupe une grande place à l’ESILV, même si nous ne sommes pas labellisés par l’Institut des actuaires. D’ailleurs, l’option actuariat est, elle aussi, sur le point de devenir une majeure.
Êtes-vous partenaire de compagnies d’assurance sur cette formation ?
Nous n’avons pas de sponsors, mais des marques de reconnaissance, notamment de l’association France Fintech et du pôle de compétitivité Finance Innovation. Nous n’avons pas de partenariats privilégiés avec des assureurs, mais nous aimerions beaucoup…
Quels sont les débouchés et la grille des salaires ?
La majeure ingénierie financière, de manière générale, offre des rémunérations plus élevées qu’ailleurs. Nous avons peu de recul sur l’insertion professionnelle des étudiants ayant choisi l’option fintech, puisqu’il s’agit d’un nouveau parcours. Néanmoins, ces étudiants croulent sous les offres de stage, ce qui n’est pas le cas de ceux qui visent les salles de marché, par exemple. Beaucoup choisissent de partir à l’étranger.
L’actuaire de demain est-il forcément un informaticien ?
Le métier a énormément évolué avec les nouvelles technologies et l’exploitation des bases de données. Il ne s’agit pas de remettre en question les principes de base de l’assurance, qui sont codifiés, mais de les actualiser. à l’ESILV, nous souhaitons former des actuaires informaticiens, c’est ce qui fait notre différence. Former des actuaires qui n’oublient pas les fondements même de l’actuariat, et qui maîtrisent les nouvelles technologies.
Peut-on encore être actuaire sans être data scientist ?
La data science, ce n’est jamais que la statistique qui rencontre l’ordinateur… L’histoire de la statistique a été bouleversée par l’informatique et, plus récemment, par le machine learning. Dans les années 1980, il y a eu un « choc de civilisation » entre les anciens statisticiens et les informaticiens qui ont redécouvert la discipline. Aujourd’hui, on assiste à la fusion des deux. L’un ne va plus sans l’autre. C’est pourquoi il est dorénavant inconcevable de vouloir être actuaire sans maîtriser la data science.
Et sur cette filière, quels sont les débouchés ?
Solvabilité 2 nous est extrêmement favorable, car la directive oblige les compagnies d’assurance et les mutuelles à recruter énormément d’actuaires.
This post was last modified on 27 mai 2019 1:23 pm