« Learning by doing », « pédagogie par projets », apprentissage par l’expérience … Les pédagogies nouvelles ne manquent pas de méthodes pour faire parler le concret et élucider des thèmes des plus abstraits et complexes à travers des activités qui encouragent l’expérimentation, l’assimilation et l’épanouissement.
Le learning by doing continue de faire ses preuves en écoles d’ingénieurs : l’élève doit être au cœur de sa formation et pour mieux piloter son apprentissage, il a besoin de repères pratiques. L’ESILV a fait le choix depuis plusieurs année d’axer son enseignement sur la pédagogie par projets : entre le projet d’innovation et exploration de première année de prépa intégrée et le projet d’innovation industrielle de fin de cycle ingénieur, l’élève a l’occasion d’apprendre par soi-même et mettre en pratique des compétences attendues chez un ingénieur. Pour aller encore plus loin, le De Vinci Innovation Center met en œuvre une pédagogie fondée sur le « radical learning« , l’apprentissage par l’échec. Invité sur Xerfi Canal, Clément Duhart, directeur du De Vinci Innovation Center, a expliqué la démarche.
Le radical learning : apprendre d’échec en échec
» L’apocalypse cognitive, on la constate tous, tous les jours. Aujourd’hui, on vit une époque des réseaux sociaux, où on voit une population de plus en plus agressive, voire parfois haineuse. Cela signifie qu’on vit dans un environnement différent grâce à la digitalisation de notre société. On ne partage plus un espace temps commun : c’est ce qui explique la radicalisation de certains users qui se perdent eux-mêmes grâce à ce modèle de rupture avec la rationalité.
D’un autre côté, l’émergence du metavers fait naître de nouvelles interrogations. Certains rêvent d’un metavers comme source économique pour de nombreuses organisations. Néanmoins, le pan écologique s’inquiète de son empreinte environnementale. Pour moi, c’est le « meta-crash » cognitif qui pose problème. On ne partage plus de repères communs, mais on crée de nouveaux mondes imaginaires, à l’instar de la Matrice de Matrix.
Qu’est-ce que c’est le « Radical Leaning » ? En apprentissage, la notion de « radical » fait référence à « aller à la racine », signifiant le côté « fondamental » d’un domaine ou la connaissance « approfondie » d’un sujet. En intelligence artificielle et neurosciences, on parle de « signal de renforcement », qui permet aux individus d’effectuer des actions et observer leurs résultats sur leur environnement. »
Le « reinforcement learning » repose sur quatre sous-éléments principaux : une méthode, une fonction de récompense, une fonction de valeur et, éventuellement, un modèle de l’environnement. Tout comme dans les neurosciences, le process nommé « cause à effet » permet à l’apprenant de se confronter avec son environnement et recevoir les résultats de cette confrontation : satisfaction ou insatisfaction.
» Or, dans l’apprentissage traditionnel, la dimension « satisfaction » ou « insatisfaction » de l’apprenant est négligée. Finalement, le seul moment qui permet à l’élève d’avoir le résultat de son apprentissage est le moment de l’examen et il trouve concrétisation au moment de la notation par l’enseignant.
Donc, on vit dans un monde où le seul moment où l’élève peut apprendre est uniquement le jour de l’examen. Au DVIC, on souhaite changer ce paradigme et pour ce faire, on ajoute une étape préliminaire, qu’on appelle l’inversion. On va, par exemple, demander à un étudiant qui fait un cours sur la réalisation d’un pont, de réaliser un pont. Ce n’est pas le fait de ne pas pouvoir réaliser ce pont qui nous intéresse, mais le process qui permet à l’étudiant de focaliser son attention sur les éléments qui lui manquent pour mettre en pratique l’apprentissage et de les assimiler durant le cours théorique.
Grâce à ce nouvel ordre de mise en pratique, non seulement ils vont mieux réussir, forts des connaissances assimilées, mais ils vont surtout avoir ce signal de « renforcement », parce qu’ils vont pouvoir mesurer ce qu’ils ont appris, par eux-mêmes.
C’est dans l’esprit de la pédagogie par projet, que, dans le cadre du Master Creative Technology, on leur demande de réaliser une start-up autour de la conception et de industrialisation d’un produit, qu’ils devront lancer sur un marché, à travers une campagne de type Kickstarter. Tous les cours qu’on va leur apporter vont servir à nourrir cet exercice, qui est, par ailleurs, une mise en pratique réelle, leur permettant d’agir en entrepreneurs dès leurs études en école d’ingénieurs. L’intérêt de la pédagogie par projet, c’est d’expérimenter la réalisation d’un projet. »