La santé d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec les systèmes traditionnels de dépistage, monitoring, prévention, diagnostic, consultation ou encore suivi. Les nouvelles donnes de notre monde en quête d’innovation s’accompagnent de nouvelles nécessités en termes de performance et durabilité des technologies et processus en place.
Invitée sur Xerfi Canal, Michèle Kanhonou, responsable de la majeure Santé biotech de l’ESILV, a abordé l’enseignement de la santé en école d’ingénieurs sous l’angle de la cybersécurité, du développement durable et et de l’éthique.
La santé face aux systèmes d’information et aux cyber-attaques
La cybersécurité, ce serait peut-être le deuxième point qu’il faut avoir en tête, parce que, quand on parle de santé, on parle quand même toujours de la technologie qui est là pour aider la santé humaine, on parle toujours de ces données massives de santé auxquelles on a accès, du type de traitement des données que l’on peut faire pour avoir une information sur l’état de santé d’un patient en particulier ou d’une population.
Donc il faut intégrer un certain nombre de données, de technologies, de dispositifs médicaux qui vont tourner autour du patient. Effectivement, le deuxième sujet serait représenté par les problématiques de cybersécurité, parce que santé aujourd’hui, c’est beaucoup d’accès aux données des patients, et cela relève un certain nombre de faiblesses.
On a pu voir des hôpitaux qui ont été bloqués suite à des cyberattaques, parce que des personnes ou des organismes malveillants ont eu l’occasion d’accéder à ces systèmes d’informations.
La santé, c’est aussi une multitude d’autres transformations : et c’est pour cela qu’on voit aujourd’hui la mise en place des référentiels qui sont développés pour notamment évaluer la maturité des systèmes d’information des établissements de santé, pour savoir s’ils sont capables de répondre à des besoins fonctionnels, structurels. Est-ce que dans l’hôpital on a tout ce qu’il nous faut pour proposer des solutions de santé de qualité ? Mais au-delà de ça, effectivement, on se pose aussi la question :
Est-ce que ce système d’information est viable face à des problèmes de cybersécurité ? Dans ces référentiels, on va aussi vouloir résoudre, protéger et assurer des problématiques de développement durable et aussi d’éthique.
Sans surprise, dans la plupart des enseignements de la majeure Santé biotech on va se poser la question de la donnée de santé, qui est considérée comme sensible, et on va se poser deux questions : premièrement, d’ordre éthique. Comment on va, par exemple, protéger l’anonymat d’une personne qui va partager ces données pour des développements recherche, etc.
Deuxième interrogation concerne l’aspect de développement durable, dans le sens où toutes les données sont stockées quelque part, elles sont accessibles par le cloud, par exemple, on peut y accéder facilement. On doit aussi expliquer aux étudiants que ce n’est pas parce qu’on peut y accéder facilement, on doit le faire, et ça, c’est un sujet très important. Finalement, comment inclure la réalité du terrain dans les enseignements ? On travaille avec des académiques mais aussi avec des industriels : on les fait intervenir dans des projets de session ou des projets d’année, avec des vraies problématiques, liées à la vie réelle. C’est grâce à ces collaborations que les étudiants peuvent travailler sur des cas réels.