Apprendre de Léonard – Partie 2. Samir Yahiaoui, responsable de la majeure Mécanique Numérique et Modélisation, revient sur l’influence de Léonard auprès des élèves-ingénieurs. A l’occasion des 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, les écoles du Pôle Léonard de Vinci reviennent sur les traces du génie pluridisciplinaire dont l’influence est encore ressentie aujourd’hui.
En quoi les inventions mécaniques de Léonard de Vinci influencent-elles les projets des élèves ingénieurs de 1re année ?
Les futurs ingénieurs de l’ESILV suivent un cursus en cinq années durant lesquelles ils doivent réaliser différents projets créatifs et innovants. En première année de prépa intégrée, nos 400 étudiants construisent chaque année un objet mécanique différent selon un cahier des charges précis.
Les thèmes abordés par ces projets sont inspirés des travaux de Léonard de Vinci. Parmi toutes les réalisations proposées aux étudiants pour mettre en avant leur ingéniosité, nous pouvons citer 2 exemples : la machine de guerre et le pont. Le trébuchet (pièce d’artillerie médiévale à contrepoids) conçu en bois, métal et/ou plastique avait comme but d’optimiser la répétabilité et la fiabilité et de maximiser les distances atteintes par les projectiles. Le pont en carton démontable, portatif et esthétique qui avait été demandé devait tirer le meilleur parti des nombreuses contraintes de légèreté, de résistance, d’encombrement et de design.
Ces projets ont plusieurs objectifs : travailler en équipe, penser, anticiper, se donner le droit à l’erreur, designer, communiquer, explorer plusieurs options et permettre de tester des idées. « La rigueur vient toujours à bout de l’obstacle » nous aurait dit Léonard De Vinci.
En 4ème année, les élèves ingénieurs peuvent choisir la majeure Mécanique Numérique et Modélisation. Quelles méthodes de Léonard de Vinci influencent les élèves dans leurs recherches ?
La majeure dure deux ans et est consacrée à développer les connaissances et consolider les compétences de l’étudiant ingénieur en modélisation en mécanique et en simulation numérique afin de le rendre opérationnel dès son entrée dans le monde professionnel.
À travers les enseignements théoriques et pratiques du cursus ingénieur : comme les cours de conception numérique (CAO), de modélisation et simulation de structures, de mécaniques des fluides, de mécatronique ou les projets d’innovation industrielle proposés par des entreprises partenaires, les futurs étudiants de cette majeure ont formulé le souhait de penser comme Léonard de Vinci. C’est-à-dire à savoir analyser, dessiner, créer, innover, mais aussi développer leur autonomie et leur expertise dans les domaines de l’automobile ou l’aéronautique.
Au-delà des compétences techniques, il lui faut intégrer les dimensions économiques et humaines des projets par des enseignements transversaux et softskills dispensés à nos élèves ingénieurs par L’EMLV (école de management du groupe). La majorité des enseignements proposent des études de cas ou des mises en situation concrètes en phase avec le marché du travail. Le parcours recherche s’adresse aux élèves souhaitant découvrir le monde de la recherche par une formation progressive, en parallèle de leur cursus de master.
Tous les étudiants de ce parcours sont supervisés par des enseignants-chercheurs ainsi l’étudiant se familiarise aux métiers de la recherche et du développement et enrichit également sa démarche de conduite d’un projet scientifique grâce à son immersion dans l’équipe recherche.
Notre objectif est de former des ingénieurs capables de faire le lien entre recherche académique et entreprise pour atteindre progressivement l’excellence et innover, à l’image de Léonard de Vinci qui disait « C’est un médiocre disciple que celui qui ne surpasse pas son maître ». Les projets ambitieux des associations scientifiques VED, LéoFly, HydroVinci et DaVinciBot s’inscrivent parfaitement dans cette philosophie.
Quels sont les prototypes de Léonard de Vinci qui vous inspirent le plus en tant qu’enseignant du Pôle ?
Léonard de Vinci était pris de passion aussi bien par les mathématiques que par les problèmes de mécanique des fluides et les mécanismes de rouage pour mettre en mouvement des objets. Il disait : « Les sciences mécaniques sont les plus nobles et les plus utiles d’entre toutes, car par leur biais tous les corps animés exécutent l’opération pour laquelle ils ont été conçus ».
Nos enseignements et nos projets dès le cycle prépa s’inscrivent dans cette démarche de faire le lien entre différents domaines scientifiques. Léonard fut le premier à utiliser le terme de « turbulence » pour étudier les tourbillons dans l’eau ou l’air qui se créent autour d’obstacles.
Dans nos enseignements en mécanique des fluides, il était impensable de ne pas traiter de ces phénomènes d’écoulements de fluides et en particulier de turbulence et d’aérodynamisme autour des objets roulants ou volants.
Une autre thématique chère à Léonard de Vinci et qui est abordée au Pôle est la robotique. Dans le cadre du projet d’imagination et d’exploration en cycle prépa, les étudiants ont eu pour défi d’imaginer et de fabriquer un robot bipède autonome. Composés d’éléments en carton, bois et plastique uniquement, les robots bipèdes devaient pouvoir marcher puis franchir des obstacles (dos d’âne, escaliers). Ils devaient être démontables entièrement afin de rentrer dans une boite de transport de quelques centimètres. Le plus gros challenge de ce projet était de faire faire grimper le robot mécanique à une corde ou à une échelle.
Le « learning by doing » est au cœur des cinq années de notre cursus ingénieur avec les enseignements dans les majeures, le projet d’imagination et d’exploration, projet de l’ingénieur numérique généraliste et projet d’innovation industrielle, de complexité et de technicité croissantes.