Sensibiliser à la sobriété numérique, c’est son dada. Axel Hugon, ingénieur diplômé de l’ESILV, est le président de la société Seven Aces, acteur de l’écologie numérique made in France.
Réduire notre impact numérique et énergétique. C’est le crédo de Seven Aces, une société au nom inspiré par l’univers tennistique, que préside Axel Hugon, ingénieur informatique, promo 2015, ancien étudiant du parcours Start-Up à l’ESILV. Témoignage.
Un parcours pour conjuguer ingénierie et entrepreneuriat
Bonjour ! Alors je m’appelle Axel, effectivement, j’ai 30 ans et je suis ingénieur, formé à l’ESILV ! Je travaille aujourd’hui à mon compte : d’un coté je propose de l’assistance informatique à domicile pour lutter contre la fracture numérique, et de l’autre, j’ai créée une société, SEVEN ACES, qui œuvre principalement à la sensibilisation à la sobriété numérique.
J’avais intégré la majeure qui, me semble-t-il, n’existe plus actuellement et qui s’appelait Ingénierie et Sciences du Numérique (ISN) si mes souvenir sont bons. J’avais d’ailleurs fais un double cursus avec l’EMLV dans la majeure Entrepreneuriat. J’ai d’abord commencé par l’assistance informatique à domicile.
En fait, étant jeune et étudiant en informatique, j’étais devenu dans ma famille le « pro de l’informatique » à qui on demande de l’aide dès qu’un équipement ne fonctionne pas (je suis certain que plusieurs se reconnaitront la dedans). Et c’est un jour, alors que j’étais parti aider ma grand mère sur l’informatique, que j’ai pris conscience de ce que l’on appelait la fracture numérique : cette divergence entre la nécessité de l’utilisation des outils du numérique (pour le lien social et surtout pour réaliser des tâches administratives) et cette peur, ce désintérêt ou simplement ce refus de l’informatique, ce qui peut se comprendre vu la complexité que cela peut représenter pour certains.
Passer de la fracture informatique à la sobriété numérique
J’ai donc d’abord proposé des solutions pour lutter contre la fracture numérique, avant de me rendre compte qu’il y avait un aspect écologique à aborder. En effet, étant sensibilisé à l’écologie en tant que bénévole chez la fondation GoodPlanet de Yann Arthus Bertrand, j’ai constaté des comportements qui n’étaient pas écologiques (par exemple, avec la répétition d’impressions en couleur, recommencées volontairement ou par erreur).
Je me suis alors demandé quels étaient réellement les impacts du numérique sur l’écologie. Et je me suis rendu compte qu’il existait de nombreuses études (de sources variées comme l’ADEME ou Green IT, entre autres) avec des chiffres passionnants sur ce sujet, alors que même moi, ingénieur en informatique et bénévole dans l’écologie, je n’en avait pas connaissance.
J’ai alors cherché à comprendre pourquoi je n’en avais jamais entendu parler. Et de mes observations, en réunissant mes différentes sources, j’ai proposé une solution ludique, participative et bienveillante de sensibilisation qui passe par le jeu.
Mon but n’est pas de sermonner, mais de faire prendre conscience du coût et des enjeux écologiques de nos actions numériques quotidiennes sur notre environnement (en passant par des comparatifs plus concrets, comme comparer un nombre de mails envoyés et le nombre de kilomètres parcourus en voiture en termes d’équivalent CO2 ou de comparer des recherches Google à l’énergie nécessaire pour faire chauffer de l’eau d’une tasse de thé), et de donner des astuces simples pour diminuer conséquemment cet impact sans pour autant se priver (car parfois, on peut associer à tort que pour être écologique, il faut se priver).
Ainsi, je propose mes « jeux », en passant par des associations, des collectivités, des écoles ou des entreprises, pour donner des « billes » à ceux qui y sont déjà sensibles mais qui ne savent pas forcément comment s’y prendre, mais aussi pour attirer de nouvelles personnes afin de les réconcilier avec l’écologie, en tout cas dans le numérique.
Réussir ses « as » dans la sobriété numérique avec Seven Aces
Quelle est l’histoire derrière le nom de « Seven Aces » ? Grande question ! C’est un mixte de références tennistiques (ma passion) et personnelles mais aussi de jeux sur les sonorités. Mais je préciserais tout même qu’au tennis un « ace » est un service permettant de remporter le point sans que l’adversaire ne touche la balle. Le gain du point ne dépend alors que de nous. Les passionnés de tennis pourraient également faire le lien avec les 7 points qu’ils faut gagner pour remporter le jeu décisif d’un set accroché (une fois arrivé à 6 jeux partout), mais on va dire qu’il n’y a pas de bonnes réponses à cette question.
Chacun peut avoir sa propre interprétation. Ça serait même marrant de partager ce que « seven aces » vous inspire.
Le principe de la sobriété numérique n’est pas de changer son utilisation fonctionnelle ou d’utiliser de nouveaux outils pour, à plus long termes, en diminuer son impact.
Le principe de la sobriété numérique est de consommer différemment, de consommer « mieux » le numérique. L’idée est de se passer de ce dont nous n’avons pas besoin.
Voici un exemple permettant d’appuyer ce propos : une box internet consomme autant d’énergie qu’une ampoule à basse consommation. Nous n’éteignons quasiment jamais notre box pourtant nous n’imaginons pas laisser allumée une ampoule lorsque nous partons nous coucher, travailler ou en vacances.
Il suffit de débrancher sa box la nuit pour diviser sa consommation par deux minimum. Pour autant, dans les moment où nous avons besoin d’internet (donc quand on est chez soi), la box est fonctionnelle. Ce n’est donc que de l’économie. Il n’y a donc rien à perdre, on ne fait que gagner.
La deuxième raison est que l’impact peut être très important, même à titre individuel. En réalité, nous nous rendons pas compte de la hauteur de l’impact sur l’environnement qui se cache derrière nos actions quotidiennes numériques.
Réduire l’impact des mails sur notre consommation énergétique
Si nous prenons l’exemple des mails. En 2021, il y avait 319,6 milliards de mails envoyés par jour. A titre comparatif, il faut savoir que 10 mails envoyés correspondent à un trajet de 1,5km en voiture en termes d’équivalent CO2.
Certaines études chiffrent même une émission, d’un peu plus de 430 000 tonnes d’équivalents CO2 par heure, soit, en moyenne selon les sources, 345 000 trajets Paris-New York, aller-retour, en avion (par heure, je rappelle).
Et pourtant, 75% des mails reçus sont des spams, donc des e-mails pas forcément désirés, et 60% de ces mails ne sont jamais lus. L’idée n’est donc pas de se priver des mails nécessaires, mais dans un premier temps de se débarrasser de l’impact de ces 60% de mails non lus (soit en se désinscrivant des listes de distribution, soit simplement en les supprimant pour désencombrer les data centers qui consomment énormément d’énergie), avant d’ensuite, optimiser les 40% restants (limiter le poids et la quantité des mails, ainsi que le nombre de destinataires, ne pas mettre d’image en signature, supprimer et trier, etc.).
L’exemple des mails est assez frappant, mais il y a d’autres exemples, et donc d’autres leviers d’actions dans des secteurs différents comme les impressions, le streaming, les data centers, et j’en passe.
Je ne dis pas qu’il faut arrêter le progrès car il peut y avoir de « bons investissements » : utiliser le numérique pour diminuer l’impact du numérique, ce qu’on pourrait comparer à un investissement immobilier par exemple.
Malheureusement, la performance et la rentabilité ne font pas forcément toujours bon ménage avec l’écologie. Je ne suis pas là pour dire à quiconque ce qu’il doit faire car je pense que chacun fait de son mieux, mais je pense que nous arrivons à un moment où l’on doit aussi se poser la question de manière personnelle (et en fonction de sa propre situation, de ses propres besoins et de sa propre définition de la nécessité) : qu’est-ce qu’on veut entre l’innovation (plus de performance, plus de confort, plus de nouveautés) ou un lieu nous permettant de vivre (du moins, tant que nous y voyons pas de solutions alternatives) ?
Retrouver le guide édité par Seven Aces & France Nature Environnement IDF : https://fne-idf.fr/sobriete-numerique-le-guide-des-bonnes-pratiques