Contribuer à résoudre les défis de la sécurité alimentaire et de l’impact environnemental et améliorer l’expérience des consommateurs en matière de qualité nutritionnelle et éthique. C’est l’ambition de la majeure « Agriculture & Food engineering », qui s’inscrit dans le cycle ingénieur à l’ESILV.
Dans une interview accordée à Studyrama Grandes Ecoles, Pascal Clain, responsable de la majeure « Agriculture & Food engineering« , détaille la thématique, les objectifs et les débouchés de cette nouvelle spécialisation du cursus ingénieur en 5 ans.
Interview originalement publiée sur Grandes Ecoles Studyrama en décembre 2022
Pourquoi avoir choisi cette thématique Agriculture & Food engineering ?
Nourrir 8 milliards d’êtres humains est un défi majeur auquel les ingénieurs doivent contribuer ! En effet, les mondes de l’agriculture et de l’agroalimentaire sont confrontés à de nombreux enjeux : la sécurité alimentaire, les impacts environnementaux et les modes d’organisation des deux filières.
Les innovations technologiques et notamment les innovations numériques peuvent aider à construire un futur meilleur et participer à la résolution de ces problématiques.
Dans le monde agricole, les technologies du numérique se portent autour de la donnée (de son acquisition à son stockage), en modélisation, en apprentissage et extraction des connaissances, en ingénierie des connaissances pour l’aide à la décision ou encore en automatisation et robotique comme le rappelle le livre blanc conjoint entre INRAE et INRIA publié cette année sur l’agriculture et le numérique.
Dans le secteur de l’agroalimentaire, le numérique est vecteur d’innovation au service des consommateurs. Grâce à l’amélioration des informations mis à leur connaissance et à la certification de ces données par des technologies comme la blockchain, les consommateurs deviennent intransigeants sur la qualité de ce qu’ils consomment tant sur le point de vue nutritionnel et santé qu’éthique et environnemental.
La conception, l’utilisation, le développement de ces technologies numériques requièrent de nouvelles compétences et connaissances spécifiques au carrefour des sciences du numérique et celles de l’agri-agro. C’est dans ce sens que nous avons choisi de développer une nouvelle formation sur cette thématique.
Comment est construite cette nouvelle majeure ?
L’objectif de cette majeure est de former des ingénieurs capables de développer les solutions de l’agriculture numérique et tout le long de la chaîne alimentaire, de la fourche à la fourchette. La spécialisation aura lieu au cours des deux dernières années de la formation à l’ESILV. Le programme est divisé en 4 thématiques principales.
Nous allons d’abord asseoir un socle de connaissances fondamentales sur les sciences agronomiques et alimentaires nécessaires à la bonne compréhension des enjeux et spécificités de ces secteurs.
Les technologies numériques seront abordées au sein de deux blocs d’enseignements : un premier bloc sur l’agriculture robotique et de précision où les étudiants pourront accompagner les changements de pratiques et de systèmes en étant capable de développer de nouveaux agroéquipements et en analysant les données massives des capteurs intelligents.
Le second bloc sera orienté autour de la sécurité et de la transparence alimentaire où on formera les étudiants à l’utilisation de nouvelles méthodologies de suivi et d’analyse de risques sanitaires par l’IA et à l’utilisation de la blockchain.
La dernière thématique est transverse aux trois premières où nous sensibiliserons les étudiants aux changements et évolutions socio-économiques de ces secteurs d’activités au travers de cours d’ouvertures, par exemple, sur les fermes digitales, l’agriculture urbaine ou les nouvelles tendances de consommation.
Les profils recherchés sont des personnes qui aiment et apprécient les nouvelles technologies mais qui souhaitent que ces innovations aient du sens et soient socialement utiles et raisonnés. Celles et ceux qui veulent exercer un métier « d’impact » ne pourront trouver meilleure formation que celle-ci. A l’issue de la majeure, les étudiants formés apporteront leur pierre à l’édifice de la protection du bien commun, la préservation des ressources du sol et de la biodiversité.
Quels sont les débouchés possibles ?
L’agroalimentaire est le premier employeur industriel de France et l’agriculture le second, en termes de volume d’emploi cela représente près d’1 million de personnes. Nous arrivons également à un renouvellement générationnel des actifs ce qui fait que ces marchés d’emploi sont très dynamiques mais sont pénalisés par un déficit d’image et d’attractivité.
Les métiers sont très nombreux et variés : Innovation et R&D, production, qualité (hygiène, sécurité, environnement), contrôle et analyse, logistique, marketing (et commercial) et les fonctions supports sont autant de voie d’insertion et de débouchés professionnels possibles.
Cette formation ambitionne aussi de viser les métiers de demain, dont ceux qui n’existent pas encore, autour du pilotage de l’innovation par la donnée ou du management de développement durable. Parmi ces nouveaux métiers, on peut trouver des agri ou food-data analysts.